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Lettre aux parents - Collège

jeudi 8 février 2024, par CGT Educ’Action 94

Voici un modèle de lettre à l’adresse des parents d’élèves de collège pour expliquer la réforme et la mobilisation en cours. Afin de monter en puissance et de construire un mouvement dans la durée, il est important de recueillir leur soutien. Vous pouvez diffuser cette lettre de plusieurs manières : en la distribuant devant d’autres établissements, dans les lieux publics, en l’envoyant au nom de votre section syndicale par mail aux représentant-es des parents d’élèves, en la distribuant sous pli (ou agrafée) aux élèves après avoir eu l’autorisation de votre chef-fe d’établissement.

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Chers parents d’élèves de collège,

Nous vous contactons pour vous expliquer nos inquiétudes justifiant notre mouvement de grève. En effet, nous avons été nombreuses et nombreux ce jeudi à être grévistes le jeudi 1er février et le serons encore plus à partir du 19 mars.

Le ministère a annoncé la création de groupe de niveaux pour l’intégralité des cours de français et de mathématiques (pour la rentrée 2024 en 6ème et en 5ème, puis généralisés à tous les niveaux en 2025).

Des chercheurs en sciences de l’éducation ont publié des rapports montrant la contre-productivité des groupes de niveaux tels qu’ils sont prévus :

• stigmatisation des élèves fragiles, ce qui pourrait être source de harcèlement, contre lequel nous luttons déjà autant que possible ;
• augmentation de la pression des élèves, pourtant déjà stressés ;
• élargissement du fossé entre groupes de niveaux ;
• fin de l’émulation possible entre élèves.

Les professeurs de français et de mathématiques sont nombreux à être professeurs principaux. Cela ne sera plus possible puisqu’ils ne verront les élèves que par groupes de niveaux, et jamais la classe entière. Les professeurs principaux vont manquer pour assurer le suivi des élèves et le lien avec les familles.

Lors des constitutions de classes, le regroupement ou la séparation d’élèves désirés par les familles et/ou par les enseignants ne sera plus possible, afin de créer un équilibre général au sein des classes.

La possibilité pour les élèves de changer de groupe en cours d’année sera très compromise par le manque de place dans les classes. Par exemple : si un élève doit passer du groupe des élèves en difficulté (à effectif réduit) à l’autre groupe, les effectifs des groupes deviendront contre-productifs, voire impossibles à tenir s’ils dépassent les seuils.

Les groupes vont faire peser d’énormes contraintes sur les emplois du temps et les salles. Aucun collège n’a assez de salles pour mettre en place ce dispositif et vos enfants subiront probablement des heures de permanence régulières, inscrites dans l’emploi du temps. L’amplitude horaire augmentera aussi pour les élèves.
Nous nous inquiétons également pour les élèves à besoins particuliers. Dans quels groupes seront-ils placés, qu’adviendra-t-il lorsque plusieurs élèves ayant besoin d’un accompagnement par une même AESH se retrouveront dans le groupe des élèves fragiles ? Une même AESH devra-t-elle s’occuper de 6 ou 7 élèves en même temps ?

Les groupes de niveaux n’étant pas entièrement financés par l’enveloppe d’heures allouée par le rectorat, il va falloir prendre des heures sur d’autres enseignements, ce qui entrainera par exemple :

• la disparition de dédoublements (sciences, langues...) : comment manipuler et expérimenter à 25 en Education Prioritaire ? à 30 ailleurs ? Comment pratiquer correctement une langue étrangère dans ces conditions ?
• la réduction du nombre d’heures de l’option LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité) ;
• la pérennité de la LCE (Langue et Culture Etrangère) n’est pas assurée pour la rentrée 2025 ;

la mise en danger des projets notamment interdisciplinaire avec le français ou les mathématiques, le groupe classe n’existant plus.

Pour plus d’informations :
https://www.cafepedagogique.net/2024/01/30/groupes-de-niveau-revue-de-litterature-internationale/
https://theconversation.com/creer-des-classes-de-niveau-atouts-ou-freins-a-la-reussite-des-eleves-217469
En conclusion, tous ces points nous alertent car ils portent fondamentalement atteinte aux valeurs de mixité, de coopération entre pairs, d’un projet d’école émancipatrice, en lesquelles nous croyons et pour lesquelles nous faisons notre métier. Nous vous appelons donc à soutenir notre mobilisation et à nous rejoindre afin de lutter contre la destruction de l’école publique !

Des équipes pédagogiques du Val de Marne