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La Confédération CGT reçue au Ministère de l’Education

Intervention CGT au Ministère de l’Education nationale le 15 décembre 2004

vendredi 17 décembre 2004, par CGT Educ’Action 94

Lors de la table ronde organisée par le Premier Ministre le 21 octobre, la CGT avait rappelé qu’elle était attachée à l’idée que l’Ecole devienne l’affaire de tous.
Pour elle, il est nécessaire que les différents acteurs, au sens le plus large du terme, soient réellement entendus afin de construire une réforme répondant aux besoins des jeunes et aux intérêts de la Nation.

Ce n’est pas ce qui s’est produit.
Ainsi, début novembre, le ministère a réuni plusieurs groupes de travail mais ouverts aux seules organisations professionnelles.
Les fédérations de parents ont été reçues à part. Quant aux confédérations représentatives des salariés, elles ont été, de fait, exclues de tout dispositif de concertation et d’échanges.

Il a fallu vous interpeller à plusieurs reprises pour qu’une délégation de la CGT soit enfin reçue, et ceci très tardivement, puisque les projets relatifs à la loi d’orientation et au rapport annexe ont déjà été rendus publics depuis plusieurs semaines et seront présentés demain au Conseil supérieur de l’Education.

Nous considérons qu’il s’agit là d’un problème de fond que l’on retrouve dans la conception du Haut Comité de l’Education dans lequel la participation des représentants des salariés sera considérablement réduite par rapport à ce qu’elle était dans le Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole.

Mais, au-delà de cette question, plusieurs aspects du projet de loi suscitent de notre part de vives inquiétudes. C’est notamment le cas :

-  De la maternelle dont la place est minorée et la priorité à la scolarisation dès 2 ans abandonnée.

-  Du traitement de la difficulté scolaire. Elle devient partie intégrante des missions de tous les enseignants sans qu’il en soit précisé les modalités de mise en oeuvre, et conduit, au nom de ce principe, à une remise en cause d’une partie des structures d’aide spécialisées.
Ce projet est marqué par l’absence de référence aux différentes réponses sociales qu’il serait nécessaire d’apporter pour, d’une part, combattre les inégalités sociales qui pèsent sur le fonctionnement de l’Ecole et, d’autre part, garantir une plus grande mixité sociale. Par contre, la focalisation sur le redoublement et le contrat individuel de réussite éducative nous semblent de nature à culpabiliser les jeunes en difficulté et leur famille, sans pour autant permettre de résoudre l’échec scolaire.

-  De la définition d’un socle commun que nous estimons conçu a minima, basé sur une conception rétrograde de la pédagogie et une hiérarchisation des savoirs, excluant notamment l’EPS et les arts, et dont les modalités de mise en œuvre, à partir d’une individualisation de parcours, des dispositifs dérogatoires en 4e et de la « découverte professionnelle 6 heures » en 3e, nous font craindre qu’elles déterminent socialement les poursuites d’études. Les jeunes les plus fragiles seront ainsi conduits de manière précoce vers l’enseignement professionnel, voire un apprentissage concurrentiel à celui-ci.
Une nouvelle fois, nous déplorons que l’enseignement professionnel soit identifié principalement comme une voie remédiatrice de l’échec scolaire, en contradiction avec la nécessité de faire face aux besoins importants de qualification des prochaines décennies.
De telles conceptions continueront à plomber l’orientation et ne permettront pas d’ancrer les bases indispensables pour garantir une formation tout au long de la vie réussie.
Si le brevet ne conditionne pas la poursuite d’études, il jouera néanmoins, notamment avec l’attribution de mentions, un rôle déterminant pour celle-ci.
L’instauration d’une note de vie scolaire, comme l’insistance à mettre en avant, à plusieurs reprises, « le mérite », sont autant d’éléments qui nous renvoient à un passé n’ayant pas vraiment été marqué par la réussite pédagogique.

-  Des moyens. Le financement reste flou et la programmation pluriannuelle des recrutements annoncée ne permettra pas de compenser l’intégralité des départs en retraite, déficit venant ainsi s’ajouter aux dizaines de milliers d’emplois supprimés depuis 3 ans dans l’encadrement éducatif (enseignants, MI/SE, aides-éducateurs.... Ce seront autant de moyens de proximité en moins dans les écoles, collèges et lycées pour assurer l’ensemble des enseignements obligatoires, pour faire vivre des projets éducatifs, assurer les missions de surveillance et de suivi, prévenir les problèmes de violence.

-  De la formation initiale et continue des personnels. La restructuration des IUFM risque de remettre en cause la cohérence nécessaire à la formation des personnels et de privilégier le disciplinaire aux dépens du pédagogique.

-  De la démocratisation du fonctionnement des établissements qui devrait s’accompagner de droits sociaux nouveaux pour les différents acteurs.

-  De l’absence de référence à l’indispensable gratuité des études.

-  Des conditions d’emploi aggravées et de travail résultant de plusieurs mesures s’inscrivant dans le droit fil de la philosophie ambiante portée conjointement par le gouvernement et le Medef et visant à demander toujours davantage aux salariés : augmentation et flexibilisation de leur temps de travail, alourdissement de leurs missions et de leurs tà¢ches.
Plusieurs mesures vont dans ce sens, qu’il s’agisse du remplacement, du suivi individualisé, du contrat individuel de réussite éducative (CIRE)... sans d’ailleurs que soit garantie l’efficacité de celles-ci et sans qu’aucune de revalorisation soit annoncée.
Pour la CGT, aucune réforme du système éducatif ne pourra se faire contre les personnels.

Nous ne voyons pas, dans ces projets, la réponse à nos exigences d’une école assurant à chaque jeune, à la fois l’accès à la culture et à la citoyenneté, et l’acquisition d’une formation générale et professionnelle débouchant, à terme, sur une qualification reconnue. Nous ne pensons pas, non plus, qu’ils garantissent une réelle démocratisation du système permettant que les conditions sociales ne soient pour personne un obstacle à la poursuite d’études et à l’acquisition d’une formation, ceci dans le cadre d’une élévation générale des niveaux de formation.
Car, si nous pouvons partager les objectifs ambitieux (qualification de 100 % d’une classe d’à¢ge -dont 80 % au niveau du bac- et 50 % diplômée de l’enseignement supérieur) que se fixe la loi en matière de qualification, nous sommes convaincus que la philosophie de ces projets et l’insuffisance des moyens qui conduira le gouvernement à des redéploiements -la suppression des TPE en est une illustration- ne permettront pas que ces objectifs soient atteints.