Accueil > Actualités > Congrès de l’Union Départementale - 1ère partie :

Actualités

Congrès de l’Union Départementale - 1ère partie :

construire les revendications autrement avec les salariés solidaires et rassemblés

lundi 14 mars 2005, par CGT Educ’Action 94

Un syndicalisme solidaire dans une démarche démocratique et conquérante

Cela ne fait que renforcer la nécessité de construire un syndicalisme solidaire dégagé des pesanteurs du corporatisme et s’appuyant sur l’intérêt commun.

La contestation nous savons faire, mais trop souvent nous en restons là . Or l’expérience est faite qu’empêcher un mauvais coup n’empêche pas le recul social.

Des propositions nous n’en manquons pas. Mais trop souvent celles-ci restent ou dans les tiroirs, ou à la connaissance de quelques spécialistes.

Nous percevons mieux aujourd’hui l’utilité, l’enjeu décisif qu’il y a à pratiquer une démarche syndicale qui marie en permanence les champs professionnels et interprofessionnels prenant en compte les spécificités de chaque catégorie de salariés, ainsi que la cohérence revendicative et propositionnelle de toute la CGT (de l’entreprise à la cité, à la société) créant les conditions de la convergence d’action.

Notre dernier congrès, à la lumière de l’expérience des négociations sur les 35 heures nous amenait à nous interroger sur la place des salariés dans l’activité revendicative : s’ils devaient décider des revendications, des moyens de les obtenir, ou bien si leur rôle se limitait à dire Oui ou Non à nos propositions ; si cette démarche ne conduisait pas le syndicat à abandonner son rôle de prise de position autonome, avec en définitive la perte d’ identité de la CGT.

La réponse du Congrès a été :

Ce sont bien les syndiqués CGT qui sont à l’origine des propositions syndicales et c’est bien le rôle du syndicalisme CGT d’animer, d’impulser le débat d’idées avec les salariés, avec la volonté clairement affichée d’élaborer le contenu du mandat réellement enrichi par le débat des salariés.
Cette démarche a porté ses fruits notamment lors des négocia-tions sur la mise en place des 35 heures. Des adhésions ont été réalisées, de nombreuses bases nouvelles ont été créées.

Cela a contribué positivement à une campagne des Prud’hommes dynamique et proche des salariés, sanctionnée par un bon résultat et la confirmation de la CGT comme 1ère organisation syndicale du département.

Un sondage révélateur sur l’état d’esprit des salariés du Val-de-Marne après ces trois dernières années : leurs doutes et leurs attentes
Seulement 29 % des salariés du département considèrent qu’il y a des possibilités de créer des emplois ; 33 % de gagner des augmentations de salaire ; 39 % qu’il est possible de faire reconnaà®tre le travail effectué.
Pour 49 % des employés, ce sont les rythmes de travail qui ne sont pas satisfaisants. Il faut noter que ce sont les femmes salariées qui constituent majoritairement cette catégorie. Par ailleurs, ce sont aussi 54 % des salariés sans diplôme qui souffrent le plus des rythmes de travail.
Les conditions de travail sont aussi une préoccupation majeure et largement partagée : 50 % des femmes salariées contre 37 % des hommes s’en plaignent ainsi que 56 % des employés. Fait remarquable, ce sont 54 % des salariés sans diplôme et 51 % des bac + 2 qui en souffrent le plus. Ce sont les catégories les plus féminisées qui s’expriment : les femmes constituant 46 % du salariat du département, fortement représentées dans ces catégories socio-professionnelles.
Ne faut-il pas prendre des initiatives revendicatives dans les entreprises, les établissements sur ces questions prégnantes de conditions de travail ?
51 % des salariés du département considèrent que le respect et la dignité des salariés ne sont pas satisfaisantes. Là encore, les femmes en souffrent plus que les hommes : 58 % des femmes s’en plaignent pour 43 % des hommes. Ce sont celles et ceux qui ont entre 35 à 49 ans qui sont les plus insatisfaits. 54 % des professions intermédiaires et 52 % des ouvriers : quelle analyse pouvons-nous en tirer ? C’est particulièrement vrai pour les salariés du secteur public qui sont 56 % à en souffrir. Quels emplois occupent-ils, quels secteurs d’activité ?
Que peut faire la CGT pour améliorer cette situation dans les entreprises et établissements du département ?
Les transports en commun pour se rendre au travail constituent un point fort des attentes. Ils sont 52 % à exprimer de fortes exigences, dont 56 % des 35/49 ans. Concernant la CGT, 12peut-elle être plus présente et plus revendicative dans ce domaine ? Trois exigences majeures en matière de transport émergent : 59 % des salariés exigent plus de transports de banlieue à banlieue pour aller travailler. Ce sont les professions intermédiaires et cadres supérieurs (plus de 60 %) qui sont les plus demandeurs. 47 % des salariés attendent des transports en commun qu’ils soient moins chers : plus de 50 % des 18 à 49 ans, 57 % des employés et 60 % des ouvriers ; 57 % du secteur public et 43 % du secteur privé ; plus de 50 % des moins diplômés.
44 % voudraient s’y sentir plus en sécurité en particulier les 50 à 64 ans ; 45 % des ouvriers et 41 % des employés ; 47 % des salariés du secteur privé contre 30 % des salariés du secteur public et ce sont une nouvelle fois les moins diplômés qui ont majoritairement ce ressenti. Il y a beaucoup de significations indirectes traduites par ce sondage sur le sentiment d’insécurité au travail et dans la vie.
A nous d’y travailler et de rendre la CGT lisible sur ces questions.
Chaque fois nos sympathisants et syndiqués CGT se retrouvent en phase avec les attentes des salariés.
64 % des salariés sont insatisfaits sur les salaires et ce sont 70 % des femmes qui en souffrent le plus contre 58 % des hommes. Cela ne donne-t-il pas un sens à une mise en œuvre concrète de l’accord national interprofessionnel sur l’égalité professionnelle signé par la CGT ? Cela ne nous donne-t-il pas la responsabilité de le faire vivre dans chaque entreprise o๠nous existons en engageant une campagne départementale sur ce sujet nous permettant de nous déployer dans les entreprises o๠il n’y a pas de syndicats ? Cela n’aurait-il pas un autre écho auprès des salariés ?
Ce sont 70 % des ouvriers et 77 % des employés qui expriment le plus de mécontentement ; 70 % des salariés du secteur public pour 55 % des salariés du secteur privé. Quelle action pouvons-nous mener ? La négociation annuelle obligatoire n’est-elle pas le support incontournable d’une bataille revendicative dans les entreprises avec une CGT offensive ?

Comment être plus efficace dans le secteur public sur cette question ?
67 % des femmes salariées du Val-de-Marne doutent de la possibilité de créer des emplois dans leur entreprise contre 58 % des hommes. Le doute est encore plus prégnant chez les salariés de 35 à 49 ans : ils sont plus de 60 % à penser qu’il est difficile de créer des emplois dans leur entreprise. Cela n’explique-t-il pas nos difficultés à créer les convergences de luttes sur les questions de l’emploi d’autant que 63 % des sympathisants et syndiqués de la CGT sont dans cet état d’esprit ? Comment avoir une CGT offensive sur l’emploi alors que les syndiqués et militants sont dans le doute ? Cela fait réfléchir.
Pourtant, ces mêmes salariés pensent à 65 % que des avancées significatives sont possibles en matière d’égalité hommes/femmes dans le travail : 72 % des sympathisants et syndiqués de la CGT.
52 % pensent qu’il est possible de gagner des avancées significatives pour lutter contre le travail précaire : 56% de nos sympathisants et syndiqué CGT.
60 % d’entre eux pensent que des améliorations réelles sont possibles à conquérir contre le stress au travail, intimement lié aux conditions de travail ; 62 % de nos sympathisants et syndiqués de la CGT partagent cette conviction.
56 % estiment qu’il est possible de lutter et de gagner sur la flexibilité de l’emploi et 50 % sur la participation des salariés aux décisions dans l’entreprise ; ce sont 61 % de nos syndiqués et sympathisants CGT qui le pensent concernant la flexibilité et 58 % d’entre eux concernant la démocratie à l’entreprise. Cela ne donne-t-il pas d’autres perspectives pour construire au plus près des salariés nos projets de sécurité sociale professionnelle et de nouveau statut du travail salarié ? Cela valide notre exigence de démocratie sociale et, peut-être, nous incite à mener une campagne départementale sur nos propositions.
Sur toutes ces questions, les salariés du secteur public comme du secteur privé se rejoignent : ne s’agit-il pas des bons angles d’attaques sur lesquels se construiront les convergences nécessaires à une mobilisation d’ampleur des salariés, tout en rendant pertinente l’idée de se syndiquer ?
Tout valide à ce que nous revisitions nos pratiques syndicales, notre rapport aux salariés, car il nous faut prendre toutes nos responsabilités dans la période.
En effet, si le syndicalisme est perçu aujourd’hui, majoritaire-ment, comme le seul véritable “contre-pouvoir” , alors cela nous confère des responsabilités particulières. Pour la CGT, il s’agit tout à la fois d’un syndicalisme de lutte, de contestation, mais aussi de propositions. Or sur ce dernier point, il y a loin de la coupe aux lèvres : 50 % des salariés du Val-de-Marne pensent que nous sommes capables de propositions, alors qu’ils étaient 59 % à le penser en 2002. Cette chute de près de 10 points ne peut nous laisser indifférents après les mouvements sur la retraite et l’assurance maladie. Le pourquoi reste à définir.
L’offensive du patronat et du gouvernement est d’une ampleur considérable et les salariés du département du secteur public comme du secteur privé en font évidemment les frais.
Face à une telle offensive, des résistances se font jour. Celles-ci se caractérisent pour beaucoup dans notre département par des attaques individuelles et collectives importantes du patronat contre les délégués syndicaux et représentants du personnel, à l’image des luttes qui ont jalonné ces trois dernières années la vie économique et sociale du département : Air-Lib, Transrack, la Brink’s, Air France, Serflex, Facom, les fermetures des centres de sécurité sociale, les maisons de retraites, les hôpitaux... Mais ces mobilisations ont besoin de perspectives pour aller plus loin, vers plus de croissance, plus de solidarité et plus de démocratie.

Mettre fin à la régression sociale programmée :
- c’est être capable de mobiliser autour de solutions alternatives,
- c’est promouvoir l’entreprise, avec ses salariés, comme lieu de création de richesses et de développement social et c’est là que notre syndicalisme doit se déployer, être mieux assuré.
Les résultats du sondage confirment que nos propositions restent trop souvent au fond des tiroirs ou à la connaissance de quelques spécialistes qui les mettent en débat, selon leurs moyens, selon leur volonté. La nécessité d’une démarche syndicale qui marie étroitement les champs professionnels et territoriaux, les spécificités et les diversités dans les entreprises, se confirme sous l’éclairage des attentes exprimées.
Comment construire les revendications dans les entreprises, avec les salariés, au service des convergences et des solidarités nécessaires pour un vrai rapport de forces favorable aux salariés ?
Répondons à cette question en prenant en compte tous les éléments dont le plus important pour un syndicat tel que le nôtre est l’état d’esprit des salariés. 62 % des salariés du Val-de- Marne en 2002, après les 35 heures, estimaient que la CGT était respectueuse de l’avis des salariés. Ils ne sont plus que 56 % à le penser en 2004. Cela est particulièrement fort dans le secteur public.
Tous les ingrédients sont réunis dans ce sondage pour nous convaincre qu’il y a urgence à passer du dire au faire.
L’exigence de démocratie est prégnante dans l’état d’esprit des salariés. Ils veulent que nous tenions compte de leur avis et cela ne fait que se renforcer avec le temps.
Pour cela, n’avons-nous pas à revisiter, partout et sur tous les sujets, la démarche de la CGT qui avait prévalu dans le mandatement des 35 heures pour aller à la rencontre de milliers de salariés inorganisés du département ? Pour cela une démarche permanente de campagne revendicative sur les négociations annuelles obligatoires semble le chemin à prendre pour y parvenir.
Ne doit-on pas investir pleinement le champ d’action syndicale que constitue la NAO en se réappropriant l’usage du droit d’initiative syndicale de négociation et obtenir les moyens de la consultation des salariés au travers d’un protocole d’organisation démocratique de la négociation.
En effet, c’est dans cette période que nous avons créé le plus de syndicats nouveaux, progressé très fortement en syndicalisation, en influence, alliant contenu revendicatif, démarche démocratique avec les salariés et syndicalisation.
De la même manière, la construction d’une plate-forme revendicative départementale, élaborée à partir des besoins, en coopération avec les syndicats concernés, contribuera certainement à la construction de convergences réelles et pérennes entre salariés du public et du privé.
En ce sens, des constructions revendicatives élaborées avec les syndicats sur les bassins d’emplois à partir des besoins, seront nécessaires pour combattre l’opposition entre salariés du privé et du public, et au développement des services publics. Le sondage présenté lors des Assises du 10 janvier, a montré qu’en termes de transports, logement, santé, école, de fortes attentes émergent. Quelle démarche permanente faut-il engager sur ces questions ?
Cette dynamique revendication/syndicalisation ne peut se satisfaire d’une pratique délégataire centrée autour d’un(e) élu(e), ou d’un groupe d’élus du personnel, ce qui écarte de fait les syndiqués et éloigne le syndicat des salariés. Cela participe à l’affaiblissement du rapport des forces et à la persistance d’un regard négatif des salariés vers le syndicalisme.
La réunion régulière des syndiqués, l’élection statutaire du délégué syndical et de la direction syndicale ne sont pas des actes formels : ils sont une des conditions essentielles à la mise en œuvre d’une pratique démocratique dans le syndicat, à la base d’une démarche revendicative démocratique et conquérante.
Adopter cette démarche comme mode de vie CGT implique qu’il faut accepter le résultat de l’expression des salariés comme indiquant clairement l’état et le niveau d’appropriation par les salariés des positions et propositions de la CGT.

16Le congrès décide
• de faire de la négociation annuelle obligatoire l’outil central de son activité revendicative sur les salaires, les conditions de travail, l’emploi, la formation professionnelle et l’égalité professionnelle ainsi qu’un exercice concret permanent de sa démarche démocratique avec les salariés,
• de créer les conditions d’une campagne revendicative pérenne sur les services publics fondée sur la charte élaborée avec les syndicats le 10 janvier 2005,
• de mener des campagnes, initiatives et actions départementales pour le respect et la dignité des salariés, des droits et libertés syndicales dans toutes les entreprises du département.
Des solidarités réelles à construire et à renforcer en Europe
La CGT est engagée aux côtés de tous ceux qui veulent donner une dimension nouvelle à l’action revendicative en Europe et dans le monde, pour une profonde réforme de l’OMC, la reconnaissance des biens publics mondiaux, la mise en œuvre de traités internationaux sur la santé, l’éducation, l’environnement, la diversité culturelle, le combat contre le racisme, les nationalismes, les impérialismes et œuvrer à l’instauration de la paix et de la solidarité entre les peuples. Depuis le dernier congrès, l’Union départementale a recherché et engagé des coopérations avec d’autres organisations syndicales en Europe. Des contacts ont été pris et des actions déjà engagées avec la CGIL des Abruzzes (Italie), la FGTB de Liège (Belgique), la CGTP de Leiria (Portugal) et les Commissions Ouvrières de Jaén (Espagne). Des initiatives communes et des échanges d’expériences sont envisagés dans le cadre des droits des salariés, des services publics et de la grande distribution.