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Mauvais film pour les IUFM : remake de « Petit meurtre entre amis »
Communiqué de la CGT-Educ’action
mardi 17 juin 2008, par
Si la Palme d’Or de l’hypocrisie et des déclarations intempestives doit être décernée à la politique éducative de Nicolas Sarkozy (voir entre autres cafouillages : le parrainage par des élèves du primaire des enfants juifs exterminés lors de la Seconde guerre mondiale, l’esclavage réintroduit alors qu’il n’avait pas disparu des programmes, la « colonisation positive »…), un pas de plus vient d’être franchi concernant la disparition, par oukase présidentiel, de l’école des maà®tres : les Instituts universitaires de formation des maà®tres (IUFM). Certes, le collaborateur de l’ombre du Président, X. Darcos, mérite néanmoins une part du prix. Après son mauvais scénario, « Chéri, j’ai rétréci les gosses » aussi bien sur les programmes que sur les horaires du primaire …, le ministre de l’Education dépèce l’IUFM pour amputer encore quelques dizaines de milliers des postes de stagiaires et de formateurs.
Si la reconnaissance à niveau du master d’une formation qui dure déjà au minimum 5 ans (licence -L 3- plus une année « blanche » de préparation de concours et une année comme personnel stagiaire) après le baccalauréat n’est que justice -c’est d’ailleurs déjà le cas des Conseillers d’orientation psychologues-, l’enjeu est ailleurs : la place du concours et le nombre de postes.
La CGT Educ’action revendique et propose un concours national de fonctionnaire d’État après la licence (bac + 3) et une formation de deux ans comme fonctionnaire stagiaire débouchant sur un master en lieu et place, selon les déclarations -floues- du Président, d’un concours se situant en fin ou après le master. Cette hausse du niveau de qualification doit être reconnue, non pas comme une simple accélération de carrière mais comme une nouvelle grille indiciaire basée sur celle, au minimum des agrégés, et calquée sur celle des grilles d’ingénieurs. En l’état de l’université aujourd’hui, reculer le concours après un bac + 5 pour les étudiants les plus modestes, c’est instituer une sélection sociale insupportable et éliminer la plupart des non titulaires en poste, recrutés souvent avec une licence.
La CGT Educ’action revendique et propose une formation programmée progressive et cohérente aux métiers de l’Éducation (agrégés, certifiés, PLP, PE, CPE, ASH) dans le cadre d’une maison commune, l’IUFM, o๠interviennent des enseignants chercheurs et des équipes de formateurs qualifiés du 1er et du 2nd degrés préparant au master en lien avec les compo-santes de l’université et en favorisant un aller retour entre expérience de terrain et apports disciplinaires et pédagogiques de haut niveau. C’est diamétralement à l’opposé du schéma présidentiel oà¹, de manière schizophrénique, on passe du jour au lendemain, par la magie du concours, d’une formation universitaire strictement disciplinaire en master à un plongeon dans une classe, avec comme seule bouée le maà®tre (nageur ?) d’à coté promu, sans autre procès, compagnon… d’infortune !
Gilles, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Même le prédécesseur de Xavier Darcos, l’oublié Gilles de Robien, pour qui la pédagogie -quand bien même fut-elle politique- était un exercice compliqué… en avait convenu : « Enseigner est un métier qui s’apprend. Faire cours et faire apprendre, conduire une classe et individualiser son enseignement, exiger des efforts et donner confiance, susciter l’intérêt, évaluer les aptitudes et percevoir les talents, aider à l’orientation.
Tout cela nécessite une formation initiale et continue approfondie : rien ne doit être laissé aux aléas de la vocation pédagogique ou du hasard professionnel. » dans le cadre d’un acte solennel fort, un arrêté, publié au Bulletin officiel de l’Éducation nationale (BOEN n° 1 du 4 janvier 2006 : cahier des charges de la formation des maà®tres).
Du passé, faisons table rase ! Annoncer une tactique de terre brà »lée concernant les IUFM, au nom d’une idéologie réactionnaire et d’économies budgétaires, c’est nier la nécessaire professionnalisation de la formation des maà®tres pour répondre aux défis de la démocratisation de l’école. Les élèves en difficulté seront les premières victimes de cette politique à courte vue.
Nous comptons faire entendre, avec vous, aux ministres de l’Education et l’Enseignement supérieur des exigences fortes en matière de droit à la formation initiale et continue de qualité à partir des luttes à construire avec l’ensemble de la communauté éducative (parents, étudiants, précaires, stagiaires et titulaires). Nous soutenons et nous appelons à rejoindre les actions des personnels mobilisés dans les centres de formation.
Montreuil, le 16 juin 2008