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Communiqué de l’UGICT-CGT : au mépris de la jeunesse
mardi 15 avril 2008, par
AU MEPRIS DE LA JEUNESSE
Le mouvement des lycéens contre les 8 000 suppressions de postes dans l’Éducation, mais aussi celui des jeunes travailleurs sociaux en formation pour obtenir le financement par l’État des gratifications de leurs stages obligatoires dans des associations, sont des événements qu’il ne faudrait pas sous-estimer.
Ces deux mouvements marquent une nouvelle fois, le rejet par les jeunes du déclassement qu’on leur promet en dépit des efforts qu’ils consentent pour se qualifier, accéder à des métiers qui font sens pour eux.
La révolte des lycéens est l’une des expressions les plus fortes, les plus déterminées dans cette dernière période contre la réforme de l’État. Elle percute et réfute le discours étroitement comptable employé pour justifier la suppression massive d’emplois de fonctionnaires. Et du coup, le gouvernement est bien en peine aujourd’hui d’expliquer, comment on va faire de la qualité sans y mettre les moyens humains.
Il faut entendre comment ces jeunes sans expérience syndicale ou militante expliquent que si les effectifs sont en baisse aujourd’hui, il faut en profiter pour améliorer l’encadrement pédagogique. Ils ont d’autant plus raison que l’on sait aujourd’hui que nous sommes dans le creux d’une vague démographique et que les effectifs scolaires vont remonter. Des enseignants en nombre, il en faut, et il en faudra plus encore demain et cela se prépare, car on ne gère pas l’éducation ou la santé en flux tendu.
Face à ce mouvement, le gouvernement adopte une posture tristement classique. Répressive avec des arrestations arbitraires y compris parmi les adultes enseignants qui encadrent les manifs. Méprisante aussi en jouant la montre pour parvenir à un essoufflement en raison des vacances.
Le Secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault a appelé jeudi le gouvernement à reprendre les négociations avec les organisations lycéennes, sous peine de voir « une extension » de la mobilisation contre les suppressions de postes. « Nous allons parler avec les lycéens, a rétorqué le ministre de l’Éducation nationale, mais j’aimerais aussi que l’on parle des syndicats, o๠sont-ils passés ceux-là , pourquoi est-ce que je me retrouve aujourd’hui confronté directement à un dialogue avec les jeunes ? »
Ah, la voilà la grande frousse de tous les gouvernements un jour confrontés à la colère de la jeunesse. Dans les neurones ministériels repassent en boucle les images de la rue Gay-Lussac en 68, la mort de Malik Oussekine durant le mouvement contre la loi Devaquet… Là encore, le mépris sert de réponse à un mouvement puissant, utile et déterminé.
Xavier Darcos fait mine d’oublier que les syndicats enseignants s’opposent depuis des mois à ces suppressions de postes. Il les accuse aujourd’hui d’instrumentaliser les jeunes, usagers du service public de l’Éducation. C’est un procédé classique d’opposition des intérêts des uns contre ceux des autres. Il y aurait d’un coté les innocents que l’on regarde s’exciter au printemps, de l’autre des cohortes de fonctionnaires rétifs à tout changement ?
Une fois encore, droit dans ses bottes, le gouvernement joue avec le feu. En réponse, une dizaine de fédérations de l’Éducation, des parents d’élèves et des syndicats étudiants et lycéens ont affirmé jeudi dans un communiqué commun leur soutien à la mobilisation et leur condamnation des 11 200 suppressions de postes dans le budget 2008. « Nous affirmons notre soutien à la mobilisation actuelle et notre volonté commune de défendre le service public d’Éducation aujourd’hui menacé », écrivent ces organisations réunies dans une
« interfédérale de l’Éducation ». La mobilisation a pour but d’obtenir les « moyens nécessaires à la réussite de tous les élèves » et s’élever « contre les choix gouvernementaux de politique éducative régressive ».
Pour la CGT, « les suppressions massives de postes annoncées dans le second degré, la réforme des programmes comme dans le primaire, celle du BAC professionnel en 3 ans, vont encore dégrader une situation déjà difficile.
La CGT revendique avec les lycéens et les personnels, l’arrêt des suppressions de poste, un retour au dialogue pour des réformes allant vers des réformes approuvées de tous, gage de succès ». Plutôt que d’agiter des spectres, le gouvernement doit reculer devant cette demande d’avenir.