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Nouveaux programmes école primaire : Communiqué de presse de l’équipe enseignante de l’école élémentaire A. Makarenko, Ivry/Seine

"MAKARENKO" DIT NON AUX NOUVEAUX PROGRAMMES

mercredi 2 avril 2008, par CGT Educ’Action 94

« MAKARENKO » DIT NON AUX NOUVEAUX PROGRAMMES

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE L’ÉQUIPE ENSEIGNANTE DE L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE MAKARENKO D’IVRY/SEINE

Suite à la réunion consultative du 29 mars sur les programmes de l’école primaire, nous exprimons notre profond désaccord, tant sur les modalités de la consultation que sur ces ’nouveaux’ « nouveaux » programmes. En effet, ces textes étant certainement déjà « partis » à l’impression, pourquoi nous
consulter ?

Nous considérons que, contrairement aux programmes de 2002 qui visaient la réussite de TOUS les élèves, en mettant l’enfant au cœur des apprentissages, l’orientation élitiste de ces nouveaux textes conduit à creuser davantage l’écart entre les élèves.
Nous pensons que ces « nouveaux » programmes 2008 datent d’un autre siècle. La récitation, la morale, la rédaction ont-elles empêché l’illettrisme et permis l’accès de tous aux connaissances fondamentales ?

De plus, l’efficacité des dispositifs de « soutien », prévus hors temps scolaire, nous semble totalement illusoire, et incapable d’enrayer l’échec scolaire. Ces projets ne sont porteurs que d’exclusion et d’injustice sociale : tout comme l’est la réforme du « Bac Pro 3ans ». Ils participent activement à la destruction de l’éducation nationale, par la privatisation à très court terme de certaines de ses missions.

Ces dispositifs ne peuvent que nous apparaà®tre dangereux dès lors qu’ils font abstraction de toutes les avancées scientifiques abouties depuis ces dernières décennies et mettent, de surcroà®t, en péril la liberté pédagogique et exacerbent la concurrence entre les écoles et entre les élèves.

La solution ne réside certainement pas dans un nouveau changement de programme et encore moins dans la stigmatisation des élèves en difficulté, de leurs familles et de leurs enseignants.

Outre la suppression du projet « nouveaux programmes », nous demandons le retrait de tous les dispositifs de discrimination sociale : stage CM1/CM2 pendant les vacances scolaires, suppression de l’école du samedi matin, base élèves.
Nous demandons au gouvernement de renoncer à ces projets et souhaitons la mise en place d’une consultation prenant en compte un travail en profondeur des différents acteurs concernés.

Nous voulons une véritable révolution scolaire, révolution au service de la connaissance, de la justice sociale, de la démocratie, et de l’enfance. Cela passe, entre autres, par l’augmentation des postes d’enseignants et non leur suppression.

Ivry, le 1 avril 2008


Mot de la CGT Educ’Action 94 :
Vous aussi, envoyez nous vos expressions collectives !


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Dépêche de l’éducation du 1 avril, source AFP

Nouveaux programmes scolaires : des spécialistes dénoncent des aberrations

Les responsables de 19 organisations du monde éducatif et des spécialistes ont dénoncé mardi les aberrations qui émaillent selon eux les nouveaux programmes de l’école primaire que Xavier Darcos doit présenter dans l’après-midi à la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée.

Ces organisations ont renouvelé mardi devant la presse leur demande que "ce projet soit suspendu et profondément revu", revendiquant "4.500 à 5.000 signatures" à leur appel commun, intitulé "Copie à revoir".

"Est-ce bien raisonnable ?", a interrogé Philippe Joutard, ancien recteur, pour qui, ces nouveaux programmes sont "infaisables".

Il a notamment cité des ajouts comme "la guerre de cent ans, sans précisions, les guerres révolutionnaires, le XVIIe siècle et Gutenberg qui se retrouve étrangement entre Galilée (1564-1642) et Henri IV (1553-1610) alors qu’il est du XVe siècle !".

Ce spécialiste a également regretté que, "dans le grand volet sur l’histoire des arts, on ne trouve rien sur le cinéma".

Dans son sillage, Roland Charnay, ancien formateur en IUFM (Instituts universitaires de formation des maà®tres) et président de la commission de rédaction des programmes de 2002, a dénoncé un "alourdissement des programmes de mathématiques". Il a énuméré : "la multiplication des nombres décimaux et la division avec un nombre décimal et d’un nombre entier passent de la 6e au CM2", "le cylindre de la 5e au CE1, la règle de trois de la 5e au CM1", etc.

Rémi Brissiaud, maà®tre de conférence en psychologie, a estimé que "n’associer la mémorisation qu’à l’entraà®nement est une conception erronée", en référence aux propos du ministre de l’Education jeudi sur le fait que "les enfants ont besoin de mécanismes, d’automatismes, d’entraà®nements".

A ce titre, M. Charnay a rappelé que la France "ne se situe pas dans les +pires résultats+ mais en milieu de tableau" de l’évaluation internationale Pisa, contrairement à ce qu’a affirmé jeudi le ministre, parce que "les élèves français n’ont pas moins de connaissances mais plus de difficultés à les utiliser".

Plus généralement, les trois principaux syndicats du primaire (SNUipp-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT) qui représentent environ 80% des professeurs des écoles, ont dénoncé mardi une "crispation" du ministre, qui selon eux "n’argumente pas très bien" sur ses programmes dont "on se demande toujours qui les a écrit".


Dépêche afp du 1 avril :

Primaire : Darcos défend ses nouveaux programmes critiqués car "trop mécanistes"

Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, a défendu mardi à l’Assemblé nationale son projet de nouveaux programmes du primaire, alors que plusieurs syndicats, organisations et spécialistes les fustigeaient pour leur "conception mécaniste".

"La motivation principale de ces nouveaux programmes, c’est le retour à des mécanismes à partir desquels l’enfant aura des automatismes", a déclaré le ministre devant la commission des affaires culturelles, en assurant ne chercher "aucune polémique avec les programmes rédigés précédemment, d’autant plus qu’ils ont été signés par un gouvernement auquel j’appartenais".

La rupture avec ces programmes, qui datent de 2002, est pourtant sous-jacente à tout le projet actuel, selon de nombreux spécialistes et plus d’une vingtaine d’organisations du monde éducatif, dont les trois principaux syndicats (80% de la représentation des professeurs des écoles), qui avaient organisé une conférence de presse plus tôt dans la journée. Ils ont ensemble dénoncé la "conception mécaniste" de ce projet.

"N’associer la mémorisation qu’à l’entraà®nement est une conception erronée", a ainsi estimé Rémi Brissiaud, spécialiste des apprentissages scolaires.

"Est-ce bien raisonnable ? Cinq ans après les programmes de 2002 et les modifications de 2007, alors que +le temps de l’Ecole demande de la stabilité, loin des querelles et des réformes+", a déclaré à la presse Philippe Joutard, ancien recteur en citant les écrits du ministre lui-même.

"Peut-être ces programmes de 2002 étaient-ils trop confiants dans la capacité de tous les élèves d’accéder aux savoirs par imprégnation", s’est défendu le ministre devant les députés. Il n’est pas possible selon lui de n’avoir que "des élèves épanouis qui construisent leur désir d’apprendre".

"Nous ne sommes pas hostiles, au contraire, à ce qu’il y ait une évolution" des programmes, a estimé pourtant Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU (majoritaire), tandis que le président de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, Faride Hamana, a réclamé "un bilan avant de changer".

"Il s’agira de réciter par coeur des chiffres, des dates, on fait peu de cas des chemins d’apprentissages, du 7e pilier du socle commun de connaissances et de compétences sur le développement de l’initiative et de l’autonomie", a renchéri Sandrine Mazetier, député PS de Paris, membre de la commission des Affaires culturelles.

"Il est caricatural de dire que les programmes sont purement mécanistes, nous n’avons pas intérêt à ce que les enfants n’apprennent pas par expérience, par goà »t ou par imprégnation", a répondu M. Darcos.

Le ministre a également été interpellé mardi sur sa méthode d’élaboration de ces nouveaux programmes, resserrés sur 34 pages et soumis à la consultation depuis un mois, pour être mis en oeuvre à la rentrée prochaine.

La député PS du Calvados Laurence Dumont s’est ainsi interrogée sur sa "volonté de concertation", s’inquiétant que les éditeurs scolaires aient déjà imprimé les manuels, inquiétude que le ministre a aussitôt balayé.

"La loi Fillon a supprimé le conseil national des programmes donc le ministre est obligé d’inventer un processus nouveau", a répondu le ministre, assurant avoir "organisé le travail avec la direction générale de l’Enseignement scolaire et des membres de mon cabinet".

"L’élaboration a été assez lente, avec l’inspection générale de l’enseignement primaire, des savants, des professeurs au collège de France, ces programmes n’ont pas été décidés sur un coin de table de cuisine", a-t-il fait valoir agacé.