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CGT Educ’Action Créteil

Lettre ouverte au recteur de l’académie de Créteil

mercredi 26 mars 2008, par CGT Educ’Action 94

mardi 25 mars 2008

Suite au rassemblement du vendredi 21 mars 2008, rassemblement à l’initiative des établissements mobilisés pour une éducation de qualité, le Comité Technique Paritaire Académique (CTPA) ne s’est pas tenu. Vous avez, à la suite de cela, publié un communiqué qui n’est pas sans nous étonner et nous choquer.

En premier lieu, vous revenez sur la question du bac pro en 3 ans.

Vous mettez en avant le fait que selon vous "68 % des propositions d’ouverture" de bacs pro en 3 ans ont fait l’objet d’un vote favorable en Conseil d’Administration (CA). Cette manière de présenter les choses est en contradiction avec celle que vous avez développé auparavant auprès des représentants des personnels : vous aviez en effet insisté sur le fait que les demandes de bacs pro en 3 ans venaient en particulier des chefs d’établissements et des personnels. Qu’au bout du compte 32 % des établissements refusent le bac pro en 3 ans montre bien l’existence d’une forte contradiction sur cette expérimentation généralisée et la difficulté du dialogue social dans certains établissements scolaires. Par ailleurs, nous tenons à souligner le fait que malgré ces votes, vous pourriez généraliser le bac pro en 3 ans dans l’académie, y compris là o๠les personnels s’y opposent explicitement.

Vous affirmez ensuite avoir dialogué avec les organisations syndicales : sur ce point, nous nous permettons de vous rappeler que nous avons initié avec l’intersyndicale de l’académie de Créteil des actions dès le mois de Novembre 2007. Nous avions dans ce cadre demandé à être reçu, ce que vous n’avez accepté que tardivement. Depuis, le dialogue semble s’être rompu puisque la CGT-Educ’Action (qui est le premier syndicat des PLP de l’académie de Créteil) et l’intersyndicale de Créteil sont ignorés. Vous ne discutez aujourd’hui qu’avec les signataires du protocole national, acceptant même, à la demande de certains de vos interlocuteurs, de mettre à l’écart les organisations syndicales représentatives.

Nous sommes ouverts au dialogue, monsieur le Recteur, mais si c’est un dialogue constructif : nous ne pouvions pas accepter des discussions dans le cadre du protocole dans lesquelles les conclusions sont déjà actées.

Je vous rappelle enfin que la CGT-Educ’Action n’est pas opposée au bac pro en 3 ans comme une nouvelle voie de la réussite des élèves. Dans ce cadre, nous sommes bien entendu opposés à sa généralisation et nous demandons expressément le maintien de tous les BEP. Dans ce cadre également, nous insistons pour le développement de passerelles et des expériences réussies telles que le BEP 1 an . Comment pouvez-vous croire un seul instant qu’une année en moins de formation soit dans l’intérêt des élèves ? Vous ne pouvez pas nier que le contexte budgétaire actuel est très clairement en faveur de la diminution des effectifs dans l’Education Nationale : la généralisation du bac pro en 3 ans est dans ce cadre bien ciblée car elle peut effectivement entraà®ner au moins 25 % de suppression de postes chez les PLP.

En second lieu, vous revenez sur les moyens d’enseignement.

Vous présentez, monsieur le Recteur, une rentrée 2008 proche de la perfection, avec un taux d’encadrement exceptionnel. Si tout va si bien, monsieur le Recteur, comment expliquez vous ce que les médias appellent la "colère" et la "grogne" des enseignants, des parents et des élèves ? Comment expliquez-vous les votes nombreux des CA contre des DHG qui proposent des centaines de suppressions de postes ? Comment allez-vous améliorer une situation difficile, que ce soit dans le premier et dans le second degré, en supprimant tant de postes ? Nous nous permettons d’insister sur les remplacements difficilement assurés dans l’académie : dans le second degré vous embauchez des précaires et vous appelez à la rescousse les retraités, dans le premier degré vous laissez s’installer une pénurie avec par exemple la création de seulement 20 postes dans le 93 alors qu’il en faudrait déjà au moins 400 pour assurer correctement les remplacements !

Vous revenez ensuite sur le taux d’heures supplémentaires que vous revendiquez comme important. Vous avez déclaré aux médias (votre directeur de cabinet a confirmé cette expression lors d’une audience) qu’il y avait une "attente sociale" d’heures supplémentaires. Monsieur, le Recteur, l’attente sociale est celle d’une augmentation des salaires, pas celle d’une dégradation des conditions d’enseignement ! De nombreux enseignants de l’académie se sont d’ailleurs engagés spontanément à ne pas accepter d’heures supplémentaires qui supprimeraient des postes !

Enfin, vous revenez sur les actions de ces derniers jours.

Nous ne pouvons pas accepter, monsieur le Recteur, les mots très durs que vous employez. Vous vous permettez, monsieur le Recteur, une liberté de parole montrant, à notre avis, un manque de considération pour des enseignants, des parents, des élèves, des élus, des citoyens, mobilisés pour défendre l’école et pour la rendre meilleure.

Le boycott du CTPA est une action, monsieur le Recteur, tout à fait légitime dans le sens o๠elle illustre l’absence de dialogue constructif auquel vous nous avez habitués.

Vous minimisez le nombre d’établissements mobilisés : nous n’avons pas la même vision pour observer ce qu’il se passe dans l’académie ! En même temps, le fait que vous soyez si empressé de communiquer auprès des médias, montre en réalité que la mobilisation est importante et que vous vous deviez de réagir au plus vite.

Vous avez des accusations extrêmement graves en direction des personnels et des organisations syndicales qui selon vous instrumentalisent les élèves. Nous sommes particulièrement choqués par ces propos. Ce n’est pas en tenant de tels propos que vous permettrez, monsieur le Recteur, au dialogue social de reprendre. Les enseignants sont des citoyens responsables, ils font preuve dans ces moments difficiles d’un grand courage et d’un sang-froid remarquable.

Monsieur le Recteur, si vous avez tenu à éditer ce communiqué, c’est que vous pensez que la situation est grave. C’est aussi notre analyse : nous vous demandons donc de répondre aux revendications des personnels au plus vite.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Recteur, à l’expression de nos sentiments dévoués à l’enseignement public d’Education.

Matthieu BRABANT

Secrétaire Académique