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Qui veut la peau du collège unique ?

un dossier à lire sur le Café Pédagogique du 6 septembre 2007

jeudi 6 septembre 2007, par CGT Educ’Action 94

"Le collège unique est aujourd’hui totalement dépassé" affirme Xavier Darcos. Et il n’est pas le seul à s’attaquer à un collège énoncé comme le point faible du système éducatif. Ses adversaires dénoncent son échec à démocratiser l’éducation et les conditions de travail difficiles dans nombre d’établissements. Il y a deux ans, un sondage montrait que les enseignants étaient majoritairement hostiles au collège unique. Aujourd’hui c’est un syndicat classé à droite qui tente de réunir cette masse de mécontents pour obtenir la suppression du collège unique. Ces accusations sont-elles fondées ?

Peut-on parler de l’échec du collège unique ? "Malgré toutes les difficultés rencontrées, le collège a globalement atteint les objectifs qui lui étaient fixés" affirme Jean-Paul Delahaye. "Les enseignants de collège, les pionniers de 1975 comme les professeurs qui leur ont succédé, ont permis à un nombre sans cesse plus important d’élèves d’acquérir les connaissances et les compétences attendues dans le tronc commun de formation, alors même que les moyens étaient comptés au collège et que le contexte social dégradé rendait de plus en plus difficile l’action pédagogique en direction d’adolescents". Les statistiques ministérielles confirment l’ouverture sociale croissante du secondaire.

Le collège unique est-il efficace ? Dans son nouvel ouvrage, Nathalie Mons s’est attachée à calculer, à partir des données PISA et de ses propres calculs, l’efficacité scolaire du collège unique. Ecoutons-la. " Le collège unique souffre d’une image négative en France, les enseignants et parents pensent que les résultats seraient meilleurs dans un système qui présenterait des classes voire des filières scolairement plus homogènes. Or, c’est le contraire. Il y a désormais un quasi-consensus sur le sujet dans la recherche, et mon étude va dans ce sens. Ce sont les systèmes qui, dans l’enseignement obligatoire, mixent le plus possible les élèves de niveaux scolaires et de conditions sociales différents qui sont les plus efficaces… Les dispositifs qui tendent à raccourcir le tronc commun - par exemple en France le module Découverte professionnelle de 6 heures qui exclut du collège les élèves les plus faibles dès la fin de la 4ème -, ce type de dispositifs est contre-productif en termes de performances scolaires… Les systèmes précocement sélectifs ne sont pas associés à des élites numériquement plus nombreuses. L’école unique n’aboutit donc pas à un sacrifice des élites".

Vers la suppression de la loi Fillon ? La remise en cause du collège unique est d’autant plus surprenante que la loi Fillon a conçu un socle commun qui définit pour la première fois un bagage commun de connaissances et de compétences pour tous les jeunes Français. Remettre en question le collège unique c’est en fait revenir sur le socle commun. Robien l’avait fait avec l’instauration de l’apprentissage junior. La condamnation du collège unique serait le second signe d’abandon de la loi Fillon par la nouvelle équipe. Le premier signe a été donné dans le budget : on voit mal comment il pourrait dégager les postes nécessaires au déploiement des PPRE et de l’enseignement des langues.

Dans cette optique, la suppression du collège unique semble obéir à deux objectifs. Le premier est budgétaire,le second social. Car supprimer le collège unique c’est accepter l’idée que, comme sous la IIIème République, pauvres et riches ne fréquentent plus les mêmes écoles. C’est accepter de creuser la fracture sociale, voire la montée des communautarismes. Si pédagogiquement, la question du collège unique n’a plus à être posée, elle reste un enjeu politique fort. Attaquer le collège unique c’est défendre une société inégalitaire.

Article N. Mons
Article JP Delahaye