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Entrevue avec le Président de la République du 11 juin 2007

Des réponses positives à nos revendications et de fortes inquiétudes.

mardi 12 juin 2007, par CGT Educ’Action 94

L’éducation va être un projet central du quinquennat avec la mise en œuvre d’un socle fondamental dès la petite enfance dans lequel le sport et les enseignements artistiques seront pleinement reconnus, a affirmé le Président de la République aux fédérations de l’éducation qu’il a reçue le 11 juin.

Des dispositifs de détection précoce des difficultés scolaires seront mis en place a-t-il également annoncé.

En ce qui concerne l’apprentissage junior, le dispositif sera abandonné mais N. Sarkozy a évoqué un traitement au cas par cas pour ceux qui sont déjà dans celui-ci. Pour l’avenir il a ouvert « la possibilité de parcours différenciés au collège adaptés à la diversité des élèves ».

La carte scolaire sera assouplie dès la rentrée 2007 en autorisant l’augmentation du nombre de dérogations puis, par étapes, supprimée d’ici 2010.
Selon lui, cette mesure « devrait contribuer à restaurer une mixité sociale mise à mal par la politique des ZEP » !
Pour lutter contre l’échec scolaire, il entend généraliser les études le soir dans les établissements.

Les collèges et les lycées bénéficieront, dans les limites d’un cadrage national, d’une plus grande marge d’autonomie, c’est-à -dire d’une liberté de gestion à partir d’un projet éducatif et seront évalués.

Après avoir affirmé que « la réussite de l’école va bien au-delà des questions de recrutement et de moyens », il rappelle « que les départs en retraite ne seront pas tous remplacés y compris dans l’Education ».
Il faut donc s’attendre à de nouvelles suppressions d’emplois dans le budget d’autant que si les emplois vie scolaire (EVS) seront renouvelés dans le premier degré, seul un sur deux sera remplacé dans le second degré.

Au-delà d’envisager une rémunération supplémentaire pour ceux intervenant en milieu difficile, la marge de manœuvre risque de se révéler étroite pour gérer une négociation sur le métier d’enseignant. D’autant que dans ce cadre, il a particulièrement insisté sur la nécessité de « réfléchir à un nouveau statut pour les futurs recrutés ».
La liberté pédagogique est réaffirmée pour chaque enseignant, évalué selon ses résultats.

Il a par ailleurs annoncé l’abrogation du décret de Robien, considérant qu’il n’était pas possible de partir d’une situation amputant le pouvoir d’achat des enseignants.
Les décharges statutaires seront restituées par le canal d’heures supplémentaires attribuées aux établissements et non sous la forme d’emplois (3058 ETP).
Les anciens textes vont donc de nouveau s’appliquer.

Par ailleurs cette décision ne règle pas des questions comme celle de la mention complémentaire lors des concours externes ou les compléments de service aujourd’hui mis en œuvre à grande échelle par plusieurs rectorats.

Questionné sur le service minimum, il s’est réfugié dans une double affirmation : « tous les élèves doivent être accueillis à l’école, c’est à l’Etat d’organiser cet accueil ».
Sans le dire expressément, l’objectif est clair et vise le droit de grève.
Des propos pour le moins contradictoires avec ceux tenus à notre Fédération par Xavier Darcos qui indiquait « ce service existant déjà à l’école primaire et ne posant pas de problème dans le second degré, je ne vois pas l’intérêt d’en faire un point de fixation ».

Enfin, interrogé sur la situation des enfants scolarisés de famille sans papiers, comme son Ministre de l’Education il a réaffirmé le principe de ce droit à la scolarité, mais en rappelant immédiatement « que celui-ci ne pouvait être le moyen de reconstituer une filière clandestine d’immigration ».

Après plusieurs mois de luttes unitaires, le Président de la République a répondu positivement à une partie des revendications des personnels.
Le décret de Robien est abrogé, l’apprentissage junior abandonné.
Il reste néanmoins de nombreux sujets d’inquiétude : l’emploi, l’éducation prioritaire, la carte scolaire, une autonomie des établissements, synonyme de mise en concurrence de ceux-ci ..

L’engagement d’ouvrir des négociations sur le métier d’enseignant ne peut être l’occasion d’imposer aux jeunes enseignants une réforme statutaire que les « anciens » ont refusée.

Les heures supplémentaires qui vont se multiplier ne peuvent tenir lieu de revalorisation salariale.
Le Président considère que la croissance du pouvoir d’achat est incompatible avec la croissance de nombre d’emplois.

Nos exigences pour imposer d’autres conditions de rentrée et d’exercice, pour obtenir un prochain budget qui ne sacrifiera pas l’emploi, restent entières.

Nicolas Sarkozy s’attend, a-t-il dit, « à l’opposition des organisations syndicales d’enseignants ».
Pour autant, « il n’entend pas renoncer aux engagements qu’il a pris devant les Français ».
Il s’est dit déterminé et ne pas avoir peur du monde de l’éducation.

Nous saurons, nous aussi, faire preuve de détermination.
Nous appelons les personnels à la plus grande vigilance devant des projets qui iraient à l’encontre des conditions de travail, d’emploi et de rémunération des personnels et de la démocratisation du système éducatif.