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Contribution sur la violence scolaire

Ce texte a été écrit à l’occasion de la préparation d’une journée d’étude de la CGT-Educ’action Créteil en 2000 et republié ici avec le souhait de nouvelles réflexions.

mardi 19 décembre 2006, par CGT Educ’Action 94

Le 1er trimestre a été émaillée de luttes locales, ponctuelles, d’établissements confrontés à des situations de violence. Cela pèse fortement sur le climat des bahuts : les jeunes en sont les premières victimes et de nombreux enseignants sont placés dans une situation de malaise. Malaise provenant notamment d’une impression d’absence de réponses, avec une tentation de voir une solution dans la répression.

Ce malaise doit être surmonté, il est urgent d’avancer des réponses syndicales, de rouvrir le débat sur cette question de la violence.

Au préalable, tordons le cou aux idées fausses qui peuvent progresser chez certains collègues. L’exclusion d’élèves, la systématisation des conseils de discipline peuvent avoir un effet immédiat, mais ils n’offrent aucune perspective d’amélioration. L’école n’est aucunement un " sanctuaire ", la violence existe dans les quartiers, il est malheureusement logique qu ’elle pénètre également dans l’école. De même les réponses de l’institution en terme d’éducation à la citoyenneté, s’apparentent plus à la leçon de comportement, au retour de la morale sans prise sur la réalité et n’ayant jamais comme objectif la formation de véritables citoyens. Pour rechercher des réponses, il est nécessaire de rappeler que ce mal qui ronge l’adhésion des jeunes à l’école est d’abord la conséquence d’une violence de l’école elle même, de la société : individualisme et quête du profit organisent l’absence de repères ; sélection, relégation, échec favorisent la vindicte des jeunes.

La lutte contre la violence à l’école passe par la démocratisation de l’école. Certains estiment qu’il y a trente ans l’école ne connaissait pas de violence, ni d’échec scolaire, mais à cette date, tous les publics n’étaient pas scolarisés, ni en lycée, ni en collège. Par contre, les chahuts existaient déjà mais ils faisaient alors partie des rites. L’élévation du niveau général de formation et l’ouverture de plus en plus large de l’école à tous les publics, est un progrès incontestable. Cependant, cette massification s’est réalisée parallèlement à l’aggravation de l’échec et de la sélection scolaire

Toute politique contre la violence passe par la réussite de la démocratisation de l’école. Mais cela nécessite des moyens. Les réductions d’effectifs par classe vont dans ce sens, ils permettent de lutter contre l’échec. De même, il faut rénover et construire des établissements à taille humaine,.. Certains penseront que ces revendications n’apportent pas de réponses immédiates. Et pourtant, la revendication de 15 heures d’enseignement et de trois heures de suivi/soutien/concertation avec les élèves va permettre de développer des espaces de dialogue avec les élèves, de même les classes plus petites permettent de dénouer les conflits. Certaines expériences de lycées expérimentaux, montrent que cela est possible, est-ce que cela doit rester expérimental ? Il est indispensable et urgent que les personnels soient formés sur ces questions de la violence.

La lutte contre la violence à l’école passe par les droits des élèves. Une véritable citoyenneté des élèves permet de lutter contre le sentiment des jeunes de n’être jamais écouté, de ne jamais participer aux décisions qui les concernent. Le monopole de l’autorité accordée aux adultes doit laisser la place à une vie plus démocratique : élaboration commune des règlements, participation des élèves aux décisions d’orientation, participation accrue aux conseils de classe, droit de publication et renforcement de la vie associative. Le CVL peut être un premier pas à condition qu’il soit réellement une instance démocratique qui à les moyens d’agir et de prendre des décisions. Un espace particulier (cafétéria, salle de travail équipée de matériel...) doit être réservé aux élèves dans chaque établissement. Les foyers doivent être opérationnels et dotés d’un budget conséquent. Les délégués de classe, au CVL, au CA doivent avoir les moyens de leur actions. Enfin, Un conseil de régulation des conflits serait un atout important dans chaque établissement permettant de les dénouer. Certes, ces quelques propositions peuvent encore paraà®tre éloignées de la réalité, mais il y a urgence, pour les élèves et pour les personnels qui pour certains risquent de céder au désespoir, aux tentations disciplinaires. Urgence de relancer le débat et l’action.