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Les établissements de réinsertion scolaire (ERS) ajoutent des difficultés aux difficultés : il faut les supprimer

Communiqué de la CGT-Educ’action 93

vendredi 12 novembre 2010, par CGT Educ’Action 94

Le 5 mai 2010, Nicolas Sarkozy, interpellant le ministre de l’Education Nationale, exigeait l’ouverture d’internats pour des « élèves perturbateurs dont personne ne veut ». Quelques jours plus tard, dans la plus complète précipitation qui caractérise tant la politique éducative de ce gouvernement, plusieurs Établissements de Réinsertion Scolaire (ERS) étaient programmés.

Plusieurs ont donc été précipitamment ouverts, dont déjà 2 pour les élèves issus de Seine-St-Denis. L’un d’entre eux, qui « accueillait » une quinzaine d’élèves du 93 dans le collège de Craon en Mayenne a été le lieu d’incidents importants dès le 1er jour de son ouverture. Certains élèves ont dégradé l’internat dès leur première nuit et ont également commis des violences sur les élèves du collège de rattachement le lendemain matin. L’IA décidant même de renvoyer chez eux après 24h, un tiers des 15 jeunes de l’établissement. Les personnels du collège se sont mis en droit de retrait exigeant la fermeture de l’ERS.

Ces incidents étaient malheureusement prévisibles (voir article ci-dessous). Stigmatisés comme élèves hautement perturbateurs, éloignés de leur milieu familial, relégués dans une structure dispensant une scolarité réduite au minimum et centrée sur les règles disciplinaires, qui pouvait penser, que ces jeunes allaient s’adapter docilement à cette violente mise à l’écart ? C’est ainsi qu’il était même prévu que les jeunes du 93 « accueillis » ne soient jamais en contact avec les autres élèves du collège, et toujours isolés dans un étage spécifique. Alors que regrouper et isoler des adolescents aux problématiques similaires ne peut générer que des violences, il est à craindre que les réajustements promis à l’ERS de Craon par l’inspection académique de Seine St Denis n’aillent vers encore un renforcement de la stigmatisation et de la mise à l’écart de ces jeunes et vers de nouveaux incidents.

Les élèves en situation d’échec scolaire doivent bénéficier, au contraire, d’une politique éducative autrement plus ambitieuse et les suppressions massives de postes à l’Education Nationale comme dans l’éducation spécialisée ne vont pas dans ce sens.

Dans le même temps, les enseignants du collège Jean-Perrin de Nanterre, ont décidé d’être en grève contre pour protester contre l’ouverture, dans cet établissement d’un autre établissement de réinsertion scolaire dans ce collège classé en réseau de réussite scolaire

Ces situations montrent l’absence complète de concertation tant avec les personnels des établissements concernés, qu’avec les parents d’élèves.

Elles prouvent surtout que ce type de dispositif, comme l’avait dénoncé la CGT-Educ’action ne répond en rien aux besoins éducatifs spécifiques des jeunes en situation de rupture scolaire et souvent sociale. La CGT-Educ’action réaffirme que c’est l’existence même des ERS qu’il faut remettre en cause, faute de quoi de nouvelles violences sont à redouter ainsi qu’une dégradation de la situation de ces jeunes en échec scolaire. Les établissements de réinsertion scolaire (ERS ) ne font qu’ajouter des difficultés aux difficultés : il faut les supprimer.

Nous publions ci-dessous l’article écrit par nos camarades de la CGT-Educ’action Mayenne avant l’ouverture de l’établissement de réinsertion scolaire de CRAON.

Une réinsertion scolaire avec deux clous et un pot de peinture Après les vacances de Toussaint, le collège Volney de Craon devrait devenir un Établissement de Réinsertion Scolaire (ERS). Créées au bulletin officiel du 15 juillet 2010, les ERS ont vocation, dixit le site du Ministère de l’Education Nationale, « à accueillir des collégiens en difficulté sociale et scolaire, dont le comportement nécessite un éloignement et une prise en charge différente ». Le premier établissement a ouvert à la rentrée de septembre dans l’académie de Nice. À Craon, ce sont entre 15 et 20 jeunes garçons de Seine-Saint-Denis qui sont attendus pour le mois de novembre. En voilà un « beau projet » qui doit reposer sur une équipe éducative « renforcée » (c’est le site du ministère qui l’écrit), dans une structure de qualité, et qui doit faire la fierté des institutions ... Sauf que...

Fierté des institutions ? Il semble que le projet d’ERS à Craon soit le résultat d’un partenariat entre l’Inspectrice Académique de la Mayenne, Mme Deloustal, nouvellement en poste, et l’IA de Seine-Saint-Denà®s, M. Auverlot, par ailleurs ancien IA ... de la Mayenne. Sauf que le site Internet du rectorat de Nantes ne dit mot du futur ERS de Craon : le recteur, qui communique régulièrement via ce média, a-t-il été associé ? serait-il en désaccord ? Marc Bernier, député de la circonscription, avait un autre lieu en tête (la Fontaine au Bac près de Villiers-Charlemagne) et l’avait fait visiter naguère à M. Auverlot. Dans sa lettre aux parents du collège, le parlementaire UMP s’est dà®t « étonné » de n’avoir « nullement été informé » du projet. LIA du 53, de son côté, a commencé à communiquer localement, très en amont,... le 9 septembre ! . Il s’agissait d’une réunion laconiquement intitulée « réunion d’information sur un projet d’internat » au collège Volney. Une vraie réussite. Depuis, les représentants parents de Craon, qui s’estiment à juste titre mis devant le fait accompli, sont vent debout contre l’ERS.

Une structure de qualité ? Le collège de Craon a été choisi avant tout parce qu’il y a un internat. Un internat fermé depuis les années 1990, qu’il reste à adapter aux besoins de l’ERS, mais qui était encore meublé. Sauf que, qui dit élèves internes, dit petit-déjeuner, dà®ner et entretien des chambres ; tout ce qui n’est pas assuré dans un établissement o๠il n’y a qu’une demi-pension. Qui dit internat, dit un personnel d’administration d’astreinte chaque nuit. Tout cela n’a pas été prévu. Résultat : du bricolage. Le risque pour les jeunes de l’ERS de se voir servir tous les soirs des plats réchauffés au micro-ondes, le risque pour certains personnels du collège de devoir travailler plus sans gagner plus, etc.

Une équipe éducative renforcée ? Les jeunes de Seine-Saint-Denis seront encadrés par 11 adultes : 2 personnels d’encadrement spécialisés, 2 éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, 4 assistants d’éducation, et 3 volontaires du service civique. Sauf que ces 3 derniers viennent tout juste d’être recrutés par appel d’offre sur le site du Ministère de la Jeunesse. Par ailleurs, la nuit, à l’internat, l’équipe d’encadrement risque d’être réduite à une peau de chagrin. En clair, l’ERS de Craon n’est qu’improvisation et bouts de chandelles, tout ça parce que certains responsables institutionnels veulent répondre, coà »te que coà »te, à la commande d’un gouvernement, qui ne donne pas les moyens d’une politique qui n’est qu’affichage. Les jeunes, qu’ils soient du 9-3 ou du 5-3, méritent beaucoup mieux et beaucoup plus.

Christophe Tropeau

Syndicat CGT Education 53