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La lettre 276 de l’UGICT CGT du 19 octobre 2009
mardi 20 octobre 2009, par
ÉDITO : TOUT CHANGER... POUR QUE RIEN NE CHANGE... ET QUE TOUT RECOMMENCE COMME AVANT
La crise qui sévit maintenant depuis plus d’une année a
mis en lumière une détestable pratique de gouvernance
des pays comme des entreprises : donner l’illusion que
les choses changent afin de perpétuer après la crise les
mécanismes qui nous y ont précipité. On en a encore
eu l’écoeurante démonstration cette semaine avec les
indécentes scènes de liesse à Wall-Street o๠l’on a
célébré le retour de la bourse de New-York à meilleure
fortune. Et les commentateurs de souligner qu’à nouveau
de nouvelles bulles financières gonflent en attendant qu’elles
nous pètent à la figure. Parce que, n’en déplaise à notre
hyper-président pourfendeur des bonus, les réunions des
G20 et les gesticulations médiatiques n’avaient pas d’autre
objet que de masquer la vacuité de ces grand-messes. Les
faits sont là : tous les mécanismes financiers qui ont
conduit nos économies dans cette crise sont perpétués,
sauvegardés.
Ce mode de gouvernance qui consiste à surfer sur l’émotion
et la légitime colère est à l’oeuvre aussi de manière dramatique
à propos des suicides au travail ou à cause du travail.
Au 25ème suicide chez France Télécom, quelque
chose a bien changé. Didier Lombard a effacé
le terme maladroit de « mode des suicides » de
son discours pour le remplacer par « spirale tragique
». Sa communication y a gagné, mais,
cependant, rien dans ses interventions ne laisse la
place à une remise en cause des dogmes managériaux
qui ont conduit des salariés à retourner la
violence sociale contre eux-mêmes. Il n’a pour
l’heure annoncé que la création d’un numéro vert
avec des « psychologues », le recrutement de
médecins du travail et de DRH de proximité en
plus, et la suspension des mobilités forcées de
salariés, d’abord jusqu’au 31 octobre, puis
jusqu’au 31 décembre. Par ailleurs il s’est engagé
à ouvrir des négociations sur le stress.
Pour Annie Thébaud-Mony, chercheur en santé
publique depuis 30 ans, « ce 25e suicide est la
preuve que les mesures décidées » ne « permettent pas de
redonner un maximum de confiance ». Selon elle, il faut s’attaquer
à la « désorganisation du travail, qui altère l’estime de
soi des salariés » et leur « redonner » des « marges de
manoeuvres » et « une vraie reconnaissance ». Quant au
débat sur un « effet d’entraà®nement » lié au traitement médiatique
de ces suicides, Annie Thébaud-Mony est catégorique :
« il n’y a pas d’effet d’entraà®nement », pas « sur un fait aussi
grave », car « c’est un acte personnel, c’est l’ultime acte de
résistance face à une altération très forte des capacités de
résistance du salarié ».
La marche silencieuse des salariés de Lannion qui ont défilé
vendredi n’a pas masqué leur colère. Nombreux sont ceux
qui n’avaient jamais participé à aucun mouvement, mais qui
se sont sentis autorisés en mémoire de leur collègue, à protester
en silence. Tandis qu’en marge du cortège, anonymement
devant des caméras, des voix se sont élevées pour
dire : « Yen a marre… ils nous prennent pour des
cons… » Ou plus froidement pour dénoncer le climat délétère
qui règne dans l’entreprise.
SOMMAIRE :
Banques : l’intersyndicale n’est pas satisfaite des négociations salariales
Saint-Brieuc : manifestation des salariés d’Alcatel-Lucent
Eurocopter : plan d’économie sans licenciement
France TV : la CGT dénonce le rapport de la Cour des Comptes
Collèges et Lycées : plus de 50 % des établissements touchés par des suppressions de postes
Espagne : près de 3 000 postes de journalistes supprimés
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