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Texte d’Orientation du Syndicat CGT-Educ’Action 94

Avancer, se renforcer, revendiquer

voté par le Congrès le 5 décembre 2003 à Créteil.

mercredi 15 décembre 2004, par CGT Educ’Action 94

Rôle du Syndicat CGT-Educ’Action 94

A l’opposé du repli sur soi, de l’individualisme, de la passivité ou bien de l’enfermement revendicatif catégoriel, le Syndicat CGT-Educ’Action du Val-de-Marne développe les valeurs de solidarité, de fraternité.
Pour cela, il fait connaà®tre et soutient les luttes de tous les secteurs professionnels. Il s’oppose à toute injustice et à toute discriminattion ; c’est pourquoi il s’est engagé au sein de la lutte et le soutien des travailleurs et élèves étrangers. il s’affirme dans le combat contre la marchandisation du monde ; c’est pourquoi il est adhérent à l’association ATTAC.
Il recherche l’unité d’action des personnels avec les autres organisations syndicales et les associations de parents (tout particulièrement la FCPE) du département sur tous les grands problèmes de l’Education.
Il participe aux activités et actions des Unions Locales, de l’Union Départementale, du Collectif des Services Publics, du Collectif Départemental des Ingénieurs, Cadres et Techniciens de la CGT. Il recherche les convergences avec les syndicats et sections syndicales des salariés de l’Education, de la Recherche et de la Culture du Val-de-Marne, tout particulièrement avec l’Union Départementale des SGPEN (personnels ATOSS). Il se soucie de l’information et de la syndicalisation des personnels de ces secteurs.
Soucieux d’une activité internationale indispensable sur le plan syndical, le syndicat CGT-Educ’Action 94 s’inscrit dans la démarche de partenariat de l’UD-CGT 94 avec la FGTB de Liège, la CGIL des Abruzzes, les CCOO de Jaén, la CGTP-IN de Leiria. Il entretiendra des relations avec les organisations de l’éducation de ces structures. 
A l’opposé de la délégation de pouvoir, le syndicat CGT-Educ’Action 94 favorise la participation du plus grand nombre de syndiqués à son activité. Celle-ci doit permettre le débat avec les salariés, les syndiqués pour affiner les analyses, formuler les propositions, décider et organiser l’action. C’est pourquoi, le syndicat organise des journées de formation, d’information et d’échanges.
Pour favoriser la participation de chaque syndiqué et le développement de la syndicalisation, le syndicat souhaite développer une activité syndicale de villes en lien avec les Unions Locales CGT. Cette activité peut passer par des décisions collectives de rencontres locales des personnels, de visites des écoles et établissements.

Les personnels de l’Education

Corps unique des enseignants

Tous les enseignants ont le même métier. Nous nous prononçons donc pour l’unification statutaire de tous les enseignants, sur la base d’un même niveau de recrutement, d’un même salaire, d’un même déroulement de carrière ; cela suppose la disparition des divers corps et grades existant actuellement. La CGT-Educ’Action 94 considère que la fusion en un corps unique est possible puisque les PE, PLP2 et Certifiés ont déjà nombre de caractéristiques statutaires communes.
Dans l’immédiat, nous voulons l’accès sans concours de tous les instituteurs au statut de professeur des écoles avec reconstitution de carrière 
Nous voulons que chaque enseignant puisse, dans le cadre de son choix personnel de carrière, changer de niveau d’enseignement après formation pédagogique spécifique. C’est une des raisons de notre revendication du corps unique. Pour autant, nous refusons que le Ministère attaque les garanties statutaires en imposant flexibilité, service mixte ou service partagé.
Nous souhaitons revenir à un mouvement national amélioré des professeurs du second degré, qui respecte le droit à la mobilité et à l’égalité de traitement sur le territoire.
L’actuel mouvement déconcentré ne respecte pas ce droit et conduit, contre leur gré, nombre d’enseignants (TZR ou non) vers des zones géographiques non souhaitées ou vers des types d’établissement ou des disciplines ne correspondant pas à leur concours de recrutement.
Nous souhaitons des procédures de mutation dans le cadre académique pour les professeurs des écoles et les instituteurs.

Réduction du Temps de Travail

Alors que les charges de travail se sont alourdies et le cadre des missions élargi - pas forcément au profit des pratiques pédagogiques - , aucune réduction du temps de travail n’a été envisagée. Au contraire, les ministres successifs ont plutôt songé à une augmentation du temps de présence et de travail des enseignants dans les établissements scolaires.
Nous nous prononçons pour un plan de réduction du temps de travail pour tous les personnels :
- de 15 à 14 h pour les agrégés ; de 18 à 16h pour les certifiés et PLP ; de 39 à 35h pour les CPE et COPsy ; de 27 à 24h (18h présence élèves + concertations ) pour les enseignants du 1er degré sans annualisation ni flexibilité.
- par l’intégration des temps de concertation dans le service des enseignants.
Nous nous prononçons catégoriquement contre toute annualisation, imposée ou choisie, du temps de service des personnels, et contre toute individualisation de carrière. Nous restons attachés à la règle de l’horaire hebdomadaire et au principe de modalités de carrières identiques pour tous.
Nous confirmons notre refus de toute compensation horaire liée au départ des élèves en période de formation en entreprise et nous demandons le retrait de cette disposition du statut des PLP.

Halte aux heures sup !

Nous refusons le recours systématique aux heures supplémentaires et réclamons leur transformation en postes budgétaires.
Les actions innovantes ou le soutien pédagogique définis dans le projet d’établissement, essentiels dans la lutte contre l’échec, ne doivent plus être assurées en heures supplémentaires (HSA ou HSE) mais intégrées aux services des enseignants, de même que l’enseignement pour la formation continue des adultes.

HALTE À LA PRÉCARITÉ !

Le développement du nombre de personnels à statuts précaires se poursuit, malgré les dispositifs de résorption prévus - pour lesquels la CGT avait refusé sa signature - : contractuels, vacataires 200h, assistants d’éducation...
Nous condamnons cette situation qui conduit à l’inégalité entre les personnels, en terme de statut et de formation, et empêche la constitution d’équipes éducatives stables.
Nous exigeons l’arrêt du recours aux emplois précaires dans tous les secteurs de l’Éducation Nationale. Ces recrutements sous toutes formes conduisent à casser l’emploi public. Ils doivent être remplacés par l’augmentation du nombre de postes aux concours et par la création de véritables emplois statutaires, stables et budgétisés.
Le statut des MI-SE doit être maintenu et amélioré.
Les personnels enseignants précaires, quelle que soit leur nationalité, doivent accéder à la titularisation sans concours avec une formation en IUFM. Par ailleurs, nous nous prononçons pour un droit d’accès prioritaire de ces enseignants à la nationalité française pour tous ceux qui en font la demande.
Dans l’immédiat, il faut garantir le réemploi selon les critères d’ancienneté et de compétences pédagogiques, de tous les MA, vacataires et contractuels, français et étrangers, sur poste d’enseignement.
Les besoins en remplacement assurés en priorité par des enseignants précaires ou par des stagiaires doivent être comblés par la création de postes de titulaires remplaçants, recrutés sur la base du volontariat (avec une formation spécifique et des compensations rendant attractif ce volontariat) pour répondre notamment aux besoins en formation continue des enseignants. Le nombre de titulaires remplaçants doit être augmenté.

Formation initiale et continue des personnels.

Tous les personnels intervenant dans le cadre scolaire auprès des élèves doivent être formés pour leurs missions spécifiques.

formation initiale : changer l’IUFM

Déceptions quant aux contenus, échecs aux concours, démissions et licenciements... : l’IUFM joue mal son rôle de formation. Il est donc plus que jamais nécessaire de le transformer, en consultant ses usagers.
Cependant, quelles transformations pour quelles formations ?
MM Ferry et Darcos souhaitent aussi en réformer les structures, mais par une baisse du temps de formation et une augmentation du temps de présence devant élèves dès l’obtention du concours.
Nous affirmons que l’ I.U.F.M. se doit d’être un véritable lieu de formation humaniste, ouvert et formateur à l’esprit critique, un espace d’échanges de savoirs et savoirs-faires.
C’est pourquoi, nous exigeons un projet nettement plus ambitieux et les moyens pour le réaliser. Aussi, nous proposons :
La mise en place, dès la première année d’enseignement supérieur, d’une option de pré-professionnalisation aux métiers de l’éducation, ouverte à tous les étudiants, qui bénéficieraient d’un Revenu Minimum Etudiant (RME). Cependant, cette option ne peut pas être exigée pour l’inscription aux concours.
L’inscription au concours national de recrutement des PLP, PLC, CPE et PE (cadre académique pour les PE) doit pouvoir se faire dès l’année de licence, la validation des épreuves étant conditionnée à l’obtention de cette licence.
Nous affirmons que nous sommes contre la possibilité, comme l’a proposé L. Ferry, pour les candidats admissibles aux écoles normales supérieures de passer le concours de recrutement de professeur.
Tous les postes aux concours doivent être pourvus et le recrutement des listes complémentaires doit permettre l’accès à une formation préalable à l’exercice.
La formation doit prendre en compte les besoins des stagiaires.
A la suite du concours, deux années de formation initiale. Au delà des aspects disciplinaires, la formation doit permettre une connaissance plus approfondie des élèves et de leur milieu sous les aspect psychologiques, sociaux ou médicaux et les différentes approches pédagogiques.
Les périodes de stage en responsabilité doivent être des périodes de formation et non de sélection.
Après une période de formation théorique et de stage d’observation, plaçant le stagiaire dans des postures variées, la prise en responsabilité des élèves par les stagiaires doit être progressive et doit se faire sur un temps libéré du conseiller pédagogique (2° degré), du maà®tre formateur ou conseiller pédagogique (1° degré) et non comme un moyen de remplacement. En aucun cas les collègues stagiaires ne peuvent servir à remplacer des postes.
Des temps de formations spécifiques doivent être créés pour répondre à certaines conditions d’enseignement (aide aux élèves en grande difficulté, intégration d’élèves handicapés, accueil des enfants de deux ans en maternelle...).
De même il faut une incitation plus importante à la formation pour l’enseignement adapté. Cette formation doit être revue dans son contenu et sa formulation ; la formation CAPSAIS doit se faire à plein temps et non en alternance. Ces formations “allégées” s’étendent pour des raisons économiques et sont une perte de contenu .
La validation doit être transparente. Les critères annoncés et négociés avec les stagiaires. Le jury doit motiver objectivement tout refus de titularisation. Il ne peut avoir tout pouvoir décisionnaire.
Comme l’ensemble des stagiaire de la fonction publique d’état, la stagiairisation des professeurs doit être vue en CAPA afin qu’il puisse être défendu d’une manière objective. Le statut général de la fonction publique d’Etat doit être appliqué.
La formation doit être validée par un diplôme à Bac +5. En cas d’échec au concours, notamment pour les élèves -professeurs des cycles préparatoires, la formation doit être validée à bac + 4.
Le passage par l’IUFM doit être obligatoire pour les lauréats des concours internes dans les mêmes conditions que ceux du concours externe. La formation dans le cadre d’un plein temps d’enseignement doit être bannie.
Le recrutement des enseignants formateurs doit être élargi à des collègues encore en poste et bénéficiant de décharges afin d’accomplir leurs missions de formation (heure de décharge pour cours + temps de préparation).
Nous devons particulièrement veiller aux incidences de la Loi d’Orientation sur la Loi de Finances (LOLF) sur la formation et sur les IUFM.

Etre formés tout au long de notre métier pour bouger avec la société.

Nous exigeons une formation continue intégrée à notre temps de travail correspondant à 10%, au moins, de celui-ci, soit au minimum 1 trimestre pour 5 ans d’exercice. Elle ne peut se réduire uniquement à une actualisation des connaissances à enseigner.
Le Plan Académique de Formation doit faire l’objet d’une consultation des personnels pour définir les besoins. En effet, la formation continue doit répondre aux besoins et attentes de tous et être adaptée à la réaité du travail de chacun. Dans ce cadre, l’accès à des formations universitaires doit être possible.

Personnels enseignants et pratiques d’enseignement

Le temps de concertation doit renforcer un travail pédagogique en équipe : il doit permettre la réflexion de l’équipe sur les décloisonnements de classes, le travail disciplinaire et interdisciplinaire, l’élaboration des projets communs. La concertation doit permettre également la coordination entre les services d’éducation, de santé, d’aide sociale...
Pour la mettre en place et changer les pratiques, il nous faut aussi l’attribution de moyens supplémentaires conséquents pour le soutien, la pédagogie différenciée, les dédoublements, les modules, les décloisonnements, les activités de projet. Ces activités doivent être choisies par les équipes pédagogiques et non imposées. S’il en est ainsi, la pratique des TPE, IDD, PPCP doit se faire avec des effectifs élèves allégés et la prise en compte, dans l’emploi du temps des enseignants, de la concertation et de la charge de travail que ces projets entraà®nent. Des moyens supplémentaires conséquents (en matériel et en personnel) doivent être accordés aux CDI.
Pour le 1er degré, les dominantes ne sont pas un frein, au sens initial du métier de professeur des écoles. Elles peuvent indiquer un changement ou une autre façon d’enseigner. Elles peuvent favoriser le travail d’équipe.
Il faut favoriser la généralisation de la recherche pédagogique pour mettre en place des pratiques adaptées et diversifiées et permettre la formation des personnels à ces pratiques .

Salaires et pouvoir d’achat

Nous nous prononçons pour une réelle revalorisation des métiers de l’Éducation ; cela passe par une amélioration significative des salaires et du pouvoir d’achat. Nous nous opposons avec force aux propositions d’une rétribution au mérite. Nous réclamons l’intégration de l’ISO - égale pour tous les enseignants - au salaire brut, de même que toutes les primes et indemnités.
Nous réclamons l’attribution de l’indemnité ZEP à tous les personnels de ZEP, titulaires ou non, y compris pour les services partiels. Nous exigeons le rattrapage de l’Avantage Spécifique d’Ancienneté bloqué depuis 1995.
Pour ce qui concerne les enseignants, nous souhaitons une augmentation de 250 € mensuels, ce qui permettrait la régression des Heures Supplémentaires utilisées par les collègues comme une compensation (illusoire) à la baisse du pouvoir d’achat. Le SMIC doit être 1400 €, ce qui signifie notamment une augmentation du salaire des assistants d’éducation, aides-éducateurs et surveillants... et l’ajustement de la grille de la Fonction Publique en conséquence.

La protection sociale : des droits solidaires à défendre et renforcer

La protection sociale, au sens large, est au cœur des attaques gouvernementales et des mobilisations récentes et à venir.
Pour une protection sociale de haut niveau, notre syndicat, avec toute la CGT, se prononce :
- au sujet de la retraite, pour un droit à la retraite à taux plein à 60 ans, avec une durée de cotisation maximale de 37,5 ans et l’intégration des années d’étude et de non-activité forcée dans le calcul de cette durée. Cela suppose le retour sur les décrets d’aoà »t 1993 et la loi de juillet 2003.
- au sujet de la sécurité sociale, pour le maintien et l’amélioration des prestations existantes, contre les fausses mesures d’économie qui aggravent les inégalités face aux soins.
Ces revendications supposent une transformation profonde des modes de financement :
- retour à la parité des cotisations patronales et salariées,
- remise en cause en cause des exonérations de cotisations patronales et modulation de celles-ci en fonction de la masse salariale et de la gestion financière des entreprises afin de promouvoir le travail qualifié, bien rémunéré et les investissements productifs créateurs d’emplois,
- élargissement des cotisations à l’ensemble de la masse salariale (primes, indemnités) et aux revenus financiers.

Le service public d’éducation

Finalité de la mission d’enseignement

Au-delà de la diversité des parcours, des choix pédagogiques et des différentes étapes de l’école, c’est la mission d’enseignement qui doit être au centre du système éducatif.
De la maternelle jusqu’au brevet du collège, Le service public de l’Éducation Nationale doit permettre l’acquisition par tous d’une culture commune - et non d’un SMIC culturel - intégrant tous les aspects de la connaissance et développant l’esprit critique.
Il doit conduire toute la génération d’enfants à la maà®trise de la langue, des données mathématiques indispensables au citoyen. Il doit promouvoir l’ouverture sur le monde culturel (fondement des valeurs universalistes de la République) et la découverte de l’univers scientifique, technique et médiatique qui nous entoure.
Le service public doit tout autant donner les outils permettant à l’adolescent de choisir l’orientation en fin de troisième qui lui sera la plus adaptée.
Après le collège, le service public doit mettre en place les voies et moyens qui permettront à chaque jeune de construire son avenir professionnel et préparer son insertion sociale.
Il s’agit d’apporter le maximum à chacun pour le mener au plus loin de ses capacités propres pour former des hommes et des femmes responsables, citoyens, engagés, cultivés...
A chaque instant, cette mission doit être accompagnée de la volonté de lutter contre l’échec . L’école doit agir pour éviter de reproduire les inégalités, le système de hiérarchisation des relations et des rapports sociaux.
Elle doit prendre en compte la diversité du public scolaire (origine sociale, culturelle, ethnique) pour mieux assurer la cohésion sociale et la solidarité, et favoriser l’ouverture aux cultures d’origine.

Une continuité cohérente de la scolarité obligatoire, entre l’école...

La qualité de la maternelle en tant qu’école doit être maintenue. Ce n’est pas le jardin d’enfants mais le début de la scolarité. L’école maternelle est un lieu d’apprentissage à part entière ; l’accueil des 2 ans doit rester possible pour tous ; elle doit être une priorité en ZEP. La grande section, première année du cycle 2, doit être maintenue dans les locaux de la maternelle.
Le rôle de l’école élémentaire est de permettre aux enfants d’acquérir les savoirs et savoir-faire fondamentaux nécessaires à la structuration de leur pensée.
Les contenus et programmes, définis en termes d’objectifs généraux, clairs et argumentés doivent être adaptés au découpage par cycle et être en cohérence avec ceux du collège.
Les « compétences transversales », indispensables à la construction de la personnalité de l’enfant, sont développées : méthodologie, accès et traitement de l’information.

..., le collège, ...

Le collège, en continuité avec l’école élémentaire, doit consolider et développer les acquis de l’élève. Il lui dispense les savoirs qui lui permettront de développer ses qualités, dans le respect et l’enrichissement de sa personnalité.
Rien ne justifie d’abandonner la perspective du « collège unique ». Le collège ne souffre pas de la « massification » de l’accès à l’éducation. La massification ne s’est pas accompagnée d’une nécessaire démocratisation, notamment à cause d’un manque considérable de moyens. La reproduction des inégalités sociales perdure. L’hétérogénéité n’est pas en soi négative : elle résulte de la mixité sociale.
La scolarité au collège doit rendre l’adolescent apte à choisir un parcours de qualification pour une insertion sociale et professionnelle réussie, ce qui suppose l’ouverture des savoirs aux techniques, au monde du travail, l’éducation à la consommation, à la santé. Nous ne confondons pas cette exigence avec l’offensive idéologique du patronat et du gouvernement sur le thème de la « culture d’entreprise » et avec la volonté de créer des filières professionnelles précoces.
Nous réaffirmons la dimension tri-culturelle de la formation générale de base : littéraire et artistique, scientifique, technique. Le contenu des épreuves du brevet doit en tenir compte.
C’est fort de ce bagage tri-culturel que chaque élève pourra se déterminer au premier palier d’orientation de l’Education Nationale de la fin de 3ème. Pour la CGT, l’à¢ge de ce premier palier d’orientation ne saurait être abaissé.

... et le lycée

L’entrée en seconde correspond à l’à¢ge du choix entre des voies du lycée offrant des scolarités permettant l’insertion professionnelle à court, moyen ou long terme.
Pour une égale dignité des trois voies du lycée : les trois voies générale, technologique et professionnelle doivent être traitées à égalité, surtout dans leur présentation aux élèves.
La filière professionnelle doit être valorisée au même titre que les filières générale et technologique. Elle ne peut être traitée comme une filière de relégation pour les jeunes en grande difficulté scolaire.
L’orientation ne peut pas être définitive et les passerelles entre filières générale, professionnelle et technologique doivent être développées.
Les structures existantes telles les Premières d’Adaptation, les BEP en un an, ainsi que formations complémentaires installées dans les établissements doivent être réellement adaptées (nous ne nous satisfaisons pas de divisions « mixtes » accueillant premières issus de seconde et d’adaptation). 
En conséquence, le développement des lycées polyvalents comprenant des cursus courts, professionnels, et des cursus longs, généraux et technologiques, doit être favorisé à condition de rester à échelle humaine. Les lycées polyvalents doivent permettre la mixité sociale, sexuelle et de filières.
Dans les cursus longs, généraux et technologiques, la liberté des options doit être laissée mais leur choix ne doit pas constituer un frein à l’accès aux différentes séries après la seconde.
L’accueil des élèves doit se faire dans le respect de la laà¯cité.
Nous réaffirmons qu’il faut garantir à tous, sans distinction d’origine sociale, religieuse ou de nationalité, l’accès à l’école publique en assurant la gratuité réelle de toute la scolarité, de la maternelle au lycée.
Comme l’ont très vite compris les personnels de l’Education nationale pendant les grèves de mai-juin 2003, la loi de décentralisation, au-delà des transferts des personnels TOS aux collectivités territoriales, s’inscrit dans une volonté de faire éclater le service public de l’éducation, en segmentant ses missions pour mieux mettre en oeuvre sa privatisation. 
« Un même droit à l’éducation, dans tous les quartiers, dans toutes les régions », telle est l’exigence laà¯que qui reste d’actualité contre les attaques portées par la volonté libérale de marchandisation de l’école.
Nous condamnons les effets sur la scolarité des jeunes étrangers des lois anti-immigrés, de Pasqua à Chevènement, puis de Sarkozy. Avec la CGT, nous revendiquons leur abrogation.
Nous exigeons le respect de la scolarisation obligatoire pour tous les enfants (pris au sens du "Droit des Enfants"), le droit aux études quel que soit leur à¢ge pour tous les jeunes étrangers, quelle que soit la nationalité des parents et leur titre de séjour.

L’accueil des élèves doit se faire dans le respect de leur diversité.

Les moyens donnés à l’école doivent permettre des approches individualisées, tenant compte des réalités de chaque enfant, de chaque classe. Il faut renforcer les moyens de l’aide scolaire.
Si nous acceptons l’idée qu’il ne suffit pas de baisser les effectifs pour avoir de meilleurs résultats, nous savons aussi que des effectifs importants sont incompatibles avec une pratique pédagogique innovante.
En conséquence doivent être abandonnés, dans le premier degré, le système actuel basé sur le calcul de moyennes élèves par classe, dans le second degré, le système de la DHG.
Il faut mettre en place un système correspondant à la satisfaction des besoins réels (environnement socioculturel, décloisonnement des enseignements, intégration d’élèves handicapés...) avec plus d’enseignants que de classes.
Cela exige l’augmentation de l’emploi qualifié, et non un budget d’austérité à moyens constants ou spéculant sur le non remplacement des départs à la retraite et sur une aggravation de la mobilité et de la précarité des personnels.
L’organisation du temps scolaire doit être révisée, dans le sens d’une meilleure adéquation avec le rythme de l’enfant et de ses capacités d’apprentissage. C’est la journée scolaire des écoliers, collégiens et lycéens qui doit être réaménagée tout autant que la semaine et l’année scolaire. Cette question essentielle doit être débattue au sein du syndicat. Sur ce point, l’avis des instances consultatives de l’Education Nationale doit être pris en compte.
L’accueil des élèves doit se faire dans la prise en compte de leurs difficultés.
L’école a une mission de service public : l’éducation mais aussi la transmission de savoirs et des outils permettant leur acquisition, sont au centre de cette mission. Elle doit accueillir tous les enfants et adolescents.
Cela pose la question de l’accueil des élèves qui ne peuvent se développer dans un système scolaire trop uniforme ou qui ne trouvent pas leur place en raison de difficultés propres, de handicap ou de leur déstructuration. 
Nous réaffirmons notre attachement au « Collège unique / Collège pour tous » et refusons la mise en place de filières ségrégatives. Ce qui ne veut pas dire un parcours unique pour tous au collège.
Selon les profils d’élèves et leurs difficultés spécifiques, des pédagogies adaptées doivent être proposées. Des parcours spécifiques, tels que 3e professionnelles, classes-sas ou relais, ne peuvent être acceptés que si leur finalité reste rester le brevet des collège et l’accès aux trois filières d’orientation en fin de 3ème.
Nous refusons qu’un palier d’orientation se situe avant la classe de 3ème, notamment par la réintroduction de l’orientation précoce à l’issue de la 5ème.

Le renforcement de l’enseignement adapté

Pour répondre aux besoins des élèves en plus grandes difficultés personnelles, l’enseignement adapté doit être renforcé. Le choix d’orientation ne doit être fait qu’en fonction des besoins et des perspectives de progrès pour l’enfant, par les commissions ou organes décisionnels prévus par les textes d’orientation.

Dans le premier degré

Les CLIS doivent pouvoir fonctionner avec les moyens matériels et humains nécessaires. En fin de scolarité élémentaire, lorsqu’elle est nécessaire, l’orientation en SEGPA doit être préparée afin que les parents et les élèves la reçoivent comme positive.
Pour une prise en charge individuelle, notamment dans le cadre de l’intégration des handicapés, le nombre d’ « Itinérants » doit être augmenté, l’intégration ne pouvant se faire qu’avec l’accompagnement des personnels enseignants qualifiés.

Dans le second degré

La SEGPA est une structure qui a montré son efficacité. Les textes de 1996 et 1998 ont permis de combler des manques concernant l’enseignement de certaines matières (langue, EPS, enseignements artistiques ou technologie) ils ont, en revanche, introduit la possibilité de surcharger les classes au delà de 16 élèves (ce qui était déjà un maximum) et ont minimisé et réduit la préformation professionnelle. La CGT rejette ces aspects de la circulaire.
La nécessaire intégration des SEGPA dans le collège (ce qui ne veut pas dire dilution) suppose une unité de considération envers les élèves (qui doivent être considérés également aux autres collégiens) et une unité de considération pour les personnels (notamment sur le temps de service à 18 heures pour tous quel que soit le statut).
Les structures adaptées doivent fonctionner avec des enseignants spécialisés et non pas des néo-titulaires ou des personnels précaires non formés, comme c’est trop souvent le cas. La formation est, dans le cadre de l’enseignement adapté, essentielle. Former les enseignants qui accueillent des enfants en difficulté ; former les enseignants qui interviennent pour permettre l’intégration, se donner les moyens pour inciter les enseignants à demander cette formation.

Traiter la violence

Nous demandons la création de moyens spécifiques pourenrayer les problèmes de violence dans de nombreux établissements scolaires par une présence plus importantes d’adultes titulaires formés, notamment psychologues, assistants sociaux, infirmiers, médecins, surveillants, enseignants médiateurs formés.... ceci en nombre suffisant. Des contacts plus étroits doivent être établis entre l’équipe éducative et les différents acteurs sociaux en lien avec les quartiers.
Nous souhaitons des moyens en personnels adultes pour aider les élèves à animer les Foyers Socio-Educatifs, Maisons des Lycéens, etc. 
Nous demandons la mise en place dans chaque établissement de commissions de suivi et de prévention des phénomènes de violence.
Les effectifs des classes doivent être allégés ; des dédoublements doivent être appliqués en particulier en langues vivantes à l’école primaire et en collège, tant en enseignement général qu’en enseignement professionnel au lycée professionnel (8 élèves maximum en groupes d’atelier), compte tenu des difficultés croissantes des élèves. Nous voulons que soit poursuivi la possibilité - beaucoup plus ouverte - de classement en ZEP ou zones sensibles de tous les établissements situés dans des quartiers difficiles et l’attribution des moyens correspondants (personnels, outils, formation) et la révision des critères de classement.
Les classes-sas, qui accueillent pour un temps déterminé, dans un effectif allégé, des élèves qui posent des problèmes de comportement doivent être implantées sur demande des équipes enseignantes avec les moyens jugées utiles par celles-ci. 
Des revendications pour chaque établissement
Nous exigeons un maximum de 24 élèves par classe - de 20 pour les écoles et établissements classés ZEP et REP - , quel que soit le niveau de scolarité. Cela suppose le maintien de toutes les structures d’accueil existantes, l’ouverture des postes et des sections correspondant à ces besoins.

Pour le premier degré

Des efforts particuliers doivent être fournis pour accueillir dès deux ans tous les enfants dont la famille le souhaite. (Pour assurer cet accueil dans de bonnes conditions : 15 enfants maximum par petites sections de 2 ans et 20 pour les 3 ans ainsi qu’une formation appropriée donnée aux enseignants volontaires pour cette mission.)

Pour les lycées professionnels

Au travers de la labellisation de « lycées des métiers », le Ministère poursuit une logique de gestion de la formation par le patronat et une logique de créations de pôles qui restreint le panel de formations des lycées concernés.
Il entérine l’accueil dans les établissements de publics différents - formation initiale, formation par alternance, formation continue - qui entraà®ne des difficultés d’enseignement et de relations.
Nous souhaitons une formation initiale renforcée o๠l’équilibre enseignement professionnel / enseignement général soit respecté, seul garant de la formation du jeune à la citoyenneté et des possibilités d’évolution de sa vie professionnelle future.
Nous exigeons que l’équipe pédagogique, dans son entier, puisse fixer l’opportunité, la durée, et contrôler les contenus et les déroulements des périodes de formation en entreprise. La préparation de ces périodes doit être faite dans l’établissement en intégrant notamment la connaissance des droits syndicaux, de la législation du travail ; cette préparation ne devant pas être une simple adaptation au milieu du travail.
Refusant l’extension de l’apprentissage concurrentiel du service public de formation et le "tout apprentissage" dans lequel l’enseignement général est sacrifié, nous refusons l’ouverture de nouvelles sections de CFA dans les établissements publics.
Nous souhaitons un grand service public de formation continue intégrant GRETA et AFPA. 
Après une phase d’orientation négociée avec la famille, tout jeune sortant de 3°, même sans retard scolaire, doit pouvoir obtenir une orientation vers la filière de son choix. Dans ce cadre, les capacités d’accueil en lycée et Lycée Professionnel pour les formations demandées par les jeunes, notamment celles porteuses d’emplois, doivent être étendues. Ainsi, nous nous opposons à tout projet de fermeture de LP ou de section de LP qui limiterait les choix des élèves et leur famille.

Éducation Nationale et Décentralisation

La décentralisation, telle qu’elle est présentée aujourd’hui, ne répond ni aux besoins de démocratie ni à l’égalité de traitement nécessaire face aux services publics. Au contraire, elle risque d’aggraver les inégalités et amener à terme à la privatisation de certains d’entre eux.
Notre syndicat se prononce pour le retrait des projets de décentralisation et du transfert des personnels techniques et ouvriers de l’éducation. Nous souhaitons, avec toute la CGT, renforcer les services publics, l’égalité d’accès sur tout le territoire, pour une réelle participation des usagers et des personnels sur les décisions.
Nous refusons les conséquences négatives que peut avoir la régionalisation des formations : adaptation étroite des formations à la situation locale, création de diplômes locaux, remise en cause des qualifications en particulier dans l’enseignement professionnel court.